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Vue d’ensemble

La croissance économique devrait rester soutenue au cours des trois prochaines années, malgré certains vents contraires à court terme[1]. La forte hausse des taux d’infection au coronavirus (COVID-19) dans plusieurs pays de la zone euro a entraîné de nouvelles restrictions et un accroissement des incertitudes quant à la durée de la pandémie. L’apparition du variant Omicron est venue s’ajouter à ces incertitudes[2]. De plus, les goulets d’étranglement du côté de l’offre se sont intensifiés et devraient persister plus longuement que prévu, leur dissipation progressive n’étant projetée qu’à partir du second trimestre 2022, avec une résorption complète d’ici 2023. Le PIB en volume devrait désormais dépasser son niveau d’avant la crise au premier trimestre 2022, soit un trimestre plus tard qu’anticipé dans les projections de septembre 2021. Néanmoins, avec l’atténuation des tensions mondiales sur l’offre, l’allègement des restrictions sanitaires, la diminution de l’incertitude associée et le ralentissement de l’inflation partant de niveaux élevés, la croissance devrait s’accélérer à nouveau à compter de la mi-2022, malgré une orientation budgétaire moins favorable et des anticipations de taux de marché plus élevés. La consommation privée restera le principal moteur de la croissance économique, bénéficiant d’un rebond du revenu réel disponible, de la résorption d’une partie de l’épargne accumulée et de la bonne santé du marché du travail, le taux de chômage s’établissant, à la fin de l’horizon de projection, à un niveau qui n’a jamais été aussi bas depuis la création de la zone euro, en 1999. Par rapport aux projections de septembre 2021, l’intensification des goulets d’étranglement mondiaux au niveau de l’offre et le durcissement des restrictions sanitaires ont provoqué une révision à la baisse de la croissance à court terme. Cela étant, la dissipation graduelle de ces facteurs devrait soutenir un rebond plus net à compter du deuxième trimestre 2022, grâce auquel le PIB en volume dépasserait le niveau anticipé dans les projections de septembre 2021 d’ici la fin 2022, les effets de report associés se traduisant par une importante révision à la hausse de la croissance annuelle en 2023.

L’inflation devrait être plus forte pendant plus longtemps mais revenir légèrement en dessous de 2 % d’ici la fin 2022 et s’établir à 1,8 % en 2023 et 2024. Les tensions sur les prix ont considérablement augmenté au cours des derniers mois et l’inflation devrait avoir culminé au quatrième trimestre 2021. Si elles sont bien plus intenses qu’anticipé précédemment, ces tensions sont toujours estimées comme étant largement temporaires, traduisant une vive hausse des prix de l’énergie ainsi que des asymétries internationales et intérieures entre l’offre et la demande dans un contexte de réouverture des économies. Les prix de l’énergie devraient demeurer élevés, en moyenne, en 2022 mais se modérer nettement en cours d’année avec le renforcement des effets de base baissiers dû au recul projeté des prix du pétrole, du gaz et de l’électricité. En 2023 et 2024, la contribution de la composante énergie à l’inflation devrait être faible. Avec la dissipation progressive des goulets d’étranglement du côté de l’offre, la hausse de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires devrait ralentir courant 2022. Par la suite, elle devrait s’accélérer graduellement, tout en restant inférieure à 2 % , à mesure de la reprise économique, de la résorption de la sous-utilisation des capacités de production et de la hausse des coûts salariaux, tout en étant soutenue par des anticipations d’inflation plus élevées. Par rapport aux projections de septembre 2021, l’inflation globale a été fortement révisée à la hausse, particulièrement pour 2022. Cette révision reflète les récentes données non anticipées, les effets haussiers directs et indirects plus forts liés au renchérissement des matières premières énergétiques, la dépréciation du taux de change de l’euro, les pressions à la hausse plus persistantes découlant des ruptures d’approvisionnement et la croissance vigoureuse des salaires.

Projections de croissance et d’inflation dans la zone euro

(variations annuelles en pourcentage)

Notes : Le PIB en volume est calculé à partir de données corrigées des variations saisonnières et du nombre de jours ouvrés. Les données rétrospectives peuvent différer des dernières publications d’Eurostat en raison de données publiées après la date d’arrêté des projections.

1 Économie réelle

La croissance du PIB en volume est demeurée vigoureuse au troisième trimestre 2021, à un taux proche de celui qui avait été anticipé dans les projections de septembre 2021. L’actuel rebond de la croissance est principalement attribuable à la demande intérieure, notamment pour les services aux consommateurs, et résulte des taux de vaccination élevés, de la diminution correspondante de la crainte d’être infecté et de l’assouplissement des restrictions sanitaires. La croissance a également été stimulée par une augmentation du revenu réel disponible et un net recul du taux d’épargne. Au troisième trimestre, la croissance induite par les services a plus que compensé l’importance accrue, comme facteur contraignant l’activité industrielle, des goulets d’étranglement du côté de l’offre.

Graphique 1

Croissance du PIB en volume de la zone euro

(variations trimestrielles en pourcentage ; données trimestrielles corrigées des variations saisonnières et du nombre de jours ouvrés)

Notes : Les données sont corrigées des variations saisonnières et du nombre de jours ouvrés. Les données rétrospectives peuvent différer des dernières publications d’Eurostat en raison de données publiées après la date d’arrêté des projections. La ligne verticale indique le début de l’horizon de projection.

À court terme, avec le durcissement des restrictions sanitaires et l’intensification des goulets d’étranglement du côté de l’offre, la croissance du PIB en volume devrait être faible (graphique 1). La recrudescence de la pandémie de COVID-19 a entraîné un resserrement des restrictions depuis le début du quatrième trimestre 2021 et une réduction de la mobilité au cours des derniers mois. Ces restrictions plus strictes devraient être maintenues au-delà de la fin de l’année. À compter du deuxième trimestre 2022, la mobilité reviendrait progressivement aux niveaux d’avant la pandémie à mesure que celle-ci deviendrait moins prégnante pour la zone euro. Le ralentissement significatif de la croissance économique au tournant de l’année est confirmé par les informations et données d’enquête disponibles. Par exemple, les ventes au détail sont ressorties, en octobre, à peine 0,2 % au-dessus de leur niveau du troisième trimestre et l’indice composite des directeurs d’achat pour la production s’est inscrit, en moyenne pour les mois d’octobre et novembre, nettement en dessous de son niveau moyen au troisième trimestre. Parallèlement, dans le secteur manufacturier, les goulets d’étranglement au niveau de l’offre sont demeurés importants jusqu’en novembre, avec un allongement continu des délais de livraison des fournisseurs, comme le montre l’indice des directeurs d’achat correspondant. Par conséquent, la croissance du PIB en volume a été fortement révisée à la baisse pour le dernier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022. Cette révision reflète l’intensification des restrictions sanitaires par rapport aux projections de septembre 2021, en raison de la propagation du variant Delta dans de nombreux pays et, dans un moindre mesure, des inquiétudes entourant le variant Omicron, ainsi que l’accentuation des vents contraires résultant des goulets d’étranglement au niveau de l’offre.

Ces goulets d’étranglement mondiaux ont exercé des contraintes considérables sur la production industrielle dans a zone euro et les échanges commerciaux au cours de l’année 2021 et devraient perdurer[3]. Alors que la reprise économique se renforçait au printemps et à l’été 2021, les perturbations affectant le transport maritime et les pénuries d’intrants à l’échelle mondiale ont empêché les entreprises de la zone euro d’augmenter leur production en phase avec la croissance rapide de la demande de produits manufacturés. Au niveau international, le déséquilibre entre la forte demande et les pénuries d’offre s’est davantage creusé que précédemment anticipé, affectant un nombre accru de pays et de secteurs (cf. également l’encadré 2). Les pays disposant des plus grandes parts dans les secteurs les plus intégrés dans les chaînes d’approvisionnement mondiales sont généralement davantage touchés par les pénuries de matériaux et d’équipements. Les goulets d’étranglement du côté de l’offre devraient durer plus longtemps qu’envisagé dans les projections de septembre et ne s’atténuer progressivement qu’à partir du deuxième trimestre 2022, jusqu’à leur résorption complète d’ici 2023. De telles anticipations sont conformes aux récentes données d’enquêtes, qui laissent supposer que l’incidence de ces goulets d’étranglement pourrait se prolonger sur une majeure partie de l’année 2022.

La croissance, faible à court terme, devrait fortement s’accélérer à compter du deuxième trimestre 2022, avant de ralentir en 2023 et 2024 vers des taux moyens de long terme. Le rebond attendu au-delà du court terme repose sur l’hypothèse d’une sortie progressive de la pandémie de COVID-19 et d’une réduction de son incidence économique, ce qui devrait atténuer les incertitudes associées et renforcer la confiance. Il est, en outre, fondé sur la dissipation progressive des goulets d’étranglement au niveau de l’offre à compter du deuxième trimestre 2022, le maintien de conditions de financement favorables, un certain affaiblissement du niveau élevé de l’épargne accumulée et la reprise mondiale en cours. Sur la période allant de 2023 à 2024, la croissance du PIB en volume devrait revenir à des taux plus modérés. Si le programme « Next Generation EU » (NGEU) devrait stimuler l’investissement dans certains pays, la contribution des autres mesures budgétaires devrait diminuer par rapport à 2021, tout en restant légèrement plus importante que ce qui ressortait des projections de septembre 2021. Le PIB en volume devrait dépasser son niveau d’avant la crise au premier trimestre 2022, soit un trimestre plus tard qu’anticipé dans les projections de septembre 2021. Cela étant, la révision à la hausse de la croissance à partir du second trimestre 2022 porte le PIB à un niveau supérieur à celui qui résultait de l’exercice de projection de septembre d’ici la fin 2022 et à peine en dessous du niveau attendu dans les projections établies avant la crise (graphique 2).

Graphique 2

PIB en volume de la zone euro

(volumes chaînés, T4 2019 = 100)

Notes : Les données sont corrigées des variations saisonnières et du nombre de jours ouvrés. Les données rétrospectives peuvent différer des dernières publications d’Eurostat en raison de données publiées après la date d’arrêté des projections. La ligne verticale indique le début de l’horizon de projection.

Tableau 1

Projections macroéconomiques pour la zone euro

(variations annuelles en pourcentage)

Notes : Les projections relatives au PIB en volume et à ses composantes, aux coûts unitaires de main-d’œuvre, à la rémunération par tête et à la productivité du travail sont basées sur des données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés. Les données rétrospectives peuvent différer des dernières publications d’Eurostat en raison de données publiées après la date d’arrêté des projections.
1) Y compris les échanges commerciaux intra-zone euro.

2) Le sous-indice est basé sur des estimations de l’incidence réelle de la fiscalité indirecte. Il peut différer des données d’Eurostat, qui sont fondées sur une répercussion totale et immédiate des effets de la fiscalité indirecte sur l’IPCH.
3) Calculé comme le solde budgétaire, net des effets transitoires du cycle économique et des mesures considérées comme temporaires selon la définition du Système européen de banques centrales.
L’orientation des politiques budgétaires est mesurée par la variation du solde primaire ajusté du cycle, déduction faite du soutien des pouvoirs publics au secteur financier. Les chiffres indiqués sont également ajustés pour tenir compte des subventions attendues du programme NGEU du côté des recettes. Un chiffre négatif implique un assouplissement de l’orientation budgétaire.

En dépit d’un ralentissement probable à court terme, la consommation privée devrait augmenter nettement au cours de la période de projection. Aux deuxième et troisième trimestres 2021, la consommation privée s’est redressée plus fortement qu’anticipé, même si elle était toujours inférieure de 2,4 % à son niveau d’avant la pandémie au troisième trimestre. Cette surprise positive a largement reflété une baisse légèrement plus rapide qu’anticipé du taux d’épargne des ménages. Le revenu disponible des ménages est resté principalement influencé par la rémunération du travail, ce qui implique généralement une propension marginale à consommer relativement élevée. La croissance de la consommation privée devrait nettement décélérer à court terme sous le coup du durcissement des restrictions sanitaires et du poids du niveau élevé des prix de l’énergie sur le pouvoir d’achat des ménages. Au-delà du court terme, sur la base de la poursuite attendue de la résolution de la crise sanitaire en 2022, la consommation privée se renforcerait significativement au deuxième trimestre 2022 et dépasserait son niveau d’avant la crise au troisième trimestre. Elle devrait rester plus vigoureuse que la croissance du revenu réel en 2023, car la dissipation attendue des incertitudes contribuera à réduire quelque peu l’épargne excédentaire accumulée. En 2024, tant la dynamique de consommation que le taux d’épargne seraient proches de leurs niveaux moyens de long terme.

Après un léger recul à court terme, le revenu réel disponible devrait repartir à la hausse, soutenu par un rebond de la rémunération du travail. Sous l’effet de la forte accélération de l’inflation, le revenu réel disponible, qui a enregistré des taux de progression positifs aux deuxième et troisième trimestres 2021, reculera probablement, quoique de façon modérée, au tournant de l’année. Il devrait augmenter par la suite, reflétant le rebond de la rémunération du travail associé à la poursuite de la reprise économique. En revanche, l’évolution des transferts budgétaires nets, qui avaient apporté une forte contribution positive en 2020, pèsera sur la croissance des revenus à partir de 2021, avec la diminution du nombre de personnes bénéficiant de dispositifs de maintien de l’emploi et la fin d’autres mesures budgétaires temporaires liées à la pandémie, et ce malgré les nouvelles mesures mises en place pour compenser les effets du niveau élevé des prix de l’énergie.

Le taux d’épargne des ménages devrait revenir en dessous de son niveau d’avant la crise, avant de se stabiliser vers la fin de l’horizon de projection. Après sa forte diminution récente, le taux d’épargne devrait continuer de baisser tout au long de l’année 2022. Cette baisse serait entraînée par la diminution de l’épargne forcée, dans un contexte de taux de vaccination élevés et conformément à l’hypothèse d’un assouplissement des restrictions sanitaires après l’hiver, ainsi que par la réduction de l’épargne de précaution grâce à l’amélioration de la situation sur le marché du travail et à l’atténuation des incertitudes. Après une contraction en dessous de son niveau d’avant la crise courant 2022, le taux d’épargne devrait continuer de reculer jusque mi-2023, puis se stabiliser autour de sa moyenne de long terme en 2024. Ce repli temporaire traduirait la résorption d’une partie de l’excédent d’épargne des ménages accumulé depuis le début de la pandémie, favorisant une croissance vigoureuse de la consommation. Cet effet serait toutefois atténué par la concentration d’un surplus d’épargne parmi les ménages les plus aisés et les plus âgés, qui ont moins tendance à consommer[4].

Encadré 1
Hypothèses techniques concernant les taux d’intérêt, les prix des matières premières et les cours de change

Par rapport aux projections de septembre 2021, les hypothèses techniques comprennent des taux d’intérêt et des cours du pétrole plus élevés et une dépréciation de l’euro. Les hypothèses techniques concernant les taux d’intérêt et les prix des matières premières sont fondées sur les anticipations des marchés et arrêtées au 25 novembre 2021. Les taux d’intérêt à court terme font référence à l’EURIBOR trois mois, les anticipations des marchés étant déduites des taux à terme. Selon cette méthodologie, les taux d’intérêt à court terme devraient s’élever, en moyenne, à -0,5 % en 2021 et 2022, à -0,2 % en 2023 et à 0 % en 2024. Les anticipations des marchés relatives aux rendements nominaux des emprunts publics à dix ans dans la zone euro tablent sur un niveau moyen annuel de 0,1 % en 2021, augmentant progressivement sur l’horizon de projection, jusqu’à 0,6 % en 2024[5]. Par rapport aux projections de septembre 2021, les anticipations des marchés en ce qui concerne les taux d’intérêt à court terme sont supérieures de 30 points de base pour 2023 tandis que, s’agissant des rendements nominaux des emprunts publics à dix ans dans la zone euro, elles sont légèrement supérieures pour 2021 et ont augmenté d’environ 30 points de base pour la période 2022-2023.

Concernant les prix des matières premières, les projections tiennent compte de la trajectoire des marchés à terme en prenant la moyenne de la période de deux semaines qui se termine à la date d’arrêté du 25 novembre 2021. Sur cette base, le prix du baril de pétrole brut Brent devrait passer de 71,8 dollars en 2021 à 77,5 dollars en 2022, avant de revenir à 69,4 dollars d’ici 2024. Par rapport aux projections de septembre 2021, les cours du pétrole exprimés en dollars seraient donc plus élevés de 15 % en 2022 et de 13 % en 2023. Les prix des matières premières hors énergie exprimés en dollars devraient augmenter fortement en 2021, puis plus modérément en 2022, avant de diminuer légèrement sur la période allant de 2023 à 2024. Les quotas au titre du système d’échange de quotas d’émission (SEQE) de l’Union européenne (UE) devraient, sur la base des prix des contrats à terme, se situer autour de 75 euros la tonne sur l’horizon de projection, soit une révision à la hausse de près de 30 % par rapport aux projections de septembre 2021 (cf. encadré 3)

Les taux de change bilatéraux devraient rester stables sur l’horizon de projection, aux niveaux moyens relevés pendant la période de deux semaines qui se termine à la date d’arrêté du 25 novembre 2021. Cette hypothèse implique un cours de change moyen de l’euro vis-à-vis du dollar de 1,13 sur la période 2022-2024, soit environ 4 % de moins que dans les projections de septembre 2021. L’hypothèse relative au taux de change effectif de l’euro suppose une dépréciation de 1,7 % par rapport aux projections de septembre 2021.

Hypothèses techniques

La dynamique de l’investissement dans l’immobilier résidentiel devrait s’atténuer sur l’horizon de projection. L’investissement dans l’immobilier résidentiel a légèrement diminué au troisième trimestre 2021, en raison principalement de contraintes pesant sur l’offre. Malgré la persistance de goulets d’étranglement au niveau de l’offre et l’incertitude liée à la dégradation de la situation sanitaire, la demande, soutenue par des conditions de financement favorables, reste solide et devrait contribuer à une reprise de l’investissement en logements au quatrième trimestre 2021. Cette tendance devrait se confirmer par la suite, la demande étant portée par des effets positifs sur le Q de Tobin, la hausse du revenu disponible, une plus grande confiance des consommateurs et le niveau élevé d’épargne accumulée. L’investissement en logements devrait rattraper sa trajectoire d’avant la crise d’ici fin 2022, avant que sa dynamique ne se normalise sur le reste de l’horizon de projection.

Les investissements des entreprises devraient se redresser sensiblement sur l’horizon de projection et représenter une part croissante du PIB en volume. Le rebond observé dans ces investissements au premier semestre 2021 devrait être temporairement ralenti par des goulets d’étranglement au niveau de l’offre au second semestre 2021, avant de reprendre à mesure de la diminution progressive des contraintes pesant sur l’offre, du regain de la demande mondiale et intérieure et de la hausse accrue des bénéfices, mais aussi grâce aux conditions de financement favorables et aux effets positifs du programme NGEU. Les dépenses liées à la numérisation et à la transition vers une économie sobre en carbone (notamment dans l’industrie automobile en raison de la réglementation environnementale et de la transition vers la production de véhicules électriques) devraient donner un élan supplémentaire aux investissements des entreprises à moyen terme. Ces investissements représenteraient donc une part croissante du PIB en volume sur l’horizon de projection.

Encadré 2
L’environnement international

La dynamique de l’activité économique et des échanges commerciaux mondiaux s’est légèrement atténuée au second semestre 2021. Face à la recrudescence des cas de COVID-19 aux États-Unis et dans certaines régions d’Asie notamment, la confiance des consommateurs est retombée, même en l’absence de mesures d’endiguement strictes. Après un répit temporaire à la fin de l’été, les contaminations à la COVID-19 sont reparties à la hausse. La détection du nouveau variant Omicron a été annoncée après la finalisation des hypothèses concernant l’environnement international, mais elle suscite l’inquiétude autour de potentielles retombées économiques, bien que les conséquences de ce variant demeurent très incertaines. Les pénuries mondiales d’intrants de production, qui ont également pesé sur l’activité économique et les échanges commerciaux, pourraient constituer de nouveaux facteurs défavorables. Les indicateurs à haute fréquence disponibles jusqu’à fin novembre montrent le tassement de la croissance dans le secteur manufacturier, tandis que le secteur des services bénéficie de la réouverture progressive de nombreuses économies.

Les goulets d’étranglement au niveau de l’offre continueraient à entraver l’activité et les échanges commerciaux à court terme, avant de se dissiper entièrement d’ici à 2023. Ils sont le résultat d’une combinaison de déséquilibres entre la demande et l’offre entraînant des pénuries de consommations intermédiaires particulièrement perceptibles dans les grandes économies avancées et le secteur manufacturier (notamment dans l’industrie automobile). Les goulets d’étranglement au niveau de l’offre devraient concerner un plus grand nombre de pays et de secteurs d’activité qu’envisagé dans les projections de septembre 2021. Ils se sont encore renforcés au quatrième trimestre 2021 et ne devraient désormais commencer à s’estomper qu’au deuxième trimestre 2022, pour se dissiper complètement d’ici 2023, une fois que la demande de consommation sera repassée des biens aux services et que l’offre de semi-conducteurs aura augmenté à la faveur des investissements prévus.

La reprise de l’économie mondiale durerait sur l’ensemble de l’horizon de projection, malgré des facteurs défavorables à court terme. Le PIB mondial en volume (hors zone euro) devrait croître de 6,0 % en 2021, puis de 4,5 % en 2023 et 3,7 % en 2024. Par rapport aux projections de septembre 2021, les perspectives de croissance sont révisées à la baisse pour 2021. Outre la remontée des infections à la COVID-19 évoquée auparavant, des facteurs propres à chaque pays ont pesé sur la croissance, tels que des dépenses publiques moins importantes qu’anticipé aux États-Unis (en particulier au troisième trimestre) et un contexte de détérioration du secteur de l’immobilier résidentiel et de pénuries d’énergie en Chine. La croissance en 2022 a été revue à la baisse pour les économies avancées, en raison de goulets d’étranglement plus persistants au niveau de l’offre, et pour certaines économies émergentes, dont la Chine. Les révisions à la hausse pour certains autres pays (l’Inde et, dans une moindre mesure, la Turquie), impliquent toutefois un taux de croissance agrégé inchangé. La croissance pour 2023 a été revue à la hausse, en particulier pour les économies avancées et notamment les États-Unis, en raison de la dissipation complète préalable attendue des goulets d’étranglement au niveau de l’offre.

La demande extérieure adressée à la zone euro est freinée par les perspectives dégradées de ses principaux partenaires commerciaux, face à la persistance des goulets d’étranglement au niveau de l’offre. Ces derniers devraient peser davantage sur les échanges commerciaux que sur la production industrielle et la croissance du PIB, car les obstacles rencontrés dans le secteur logistique ont des effets disproportionnés sur l’activité commerciale. En outre, le recours à des fournisseurs domestiques et à des biens produits dans la zone euro pourrait aider à amortir le choc négatif sur la production industrielle. La demande adressée à la zone euro devrait donc augmenter de 8,9 % cette année et d’environ 4 % sur la période 2022‑2024. Par rapport aux projections de septembre 2021, les taux de croissance pour 2021 et 2022 sont ainsi revus à la baisse, tandis qu’ils sont revus à la hausse pour 2023, la dissipation des goulets d’étranglement au niveau de l’offre permettant de regagner l’essentiel du terrain perdu lors des deux années précédentes.

L’environnement international

(variations annuelles en pourcentage)

1) Calculé comme la moyenne pondérée des importations.
2) Calculée comme la moyenne pondérée des importations des partenaires commerciaux de la zone euro.

Les goulets d’étranglement au niveau de l’offre devraient peser sur les parts de marché à l’exportation de la zone euro jusqu’au milieu de l’année 2022, puis se dissiper pour laisser place à des gains importants. En 2021, deux phénomènes ont influé sur les parts de marché à l’exportation : l’incidence des goulets d’étranglement au niveau de l’offre, apparus en début d’année et qui se sont intensifiés au troisième trimestre, et la reprise des exportations de services aux deuxième et troisième trimestres. Avec des délais de livraison des fournisseurs toujours longs et un coût du transport qui plafonne à un niveau inédit, les goulets d’étranglement devraient persister avant de se dissiper progressivement en 2022. Les échanges de services et plus particulièrement le tourisme se sont fortement redressés au cours de l’été, en raison de facteurs saisonniers et des progrès réalisés dans les campagnes de vaccination. La recrudescence des cas de COVID-19 dans plusieurs pays de la zone euro au quatrième trimestre a toutefois nui à la confiance dans le secteur du tourisme, et les perspectives pour la saison hivernale dans les grandes destinations touristiques sont une nouvelle fois atones. La dissipation des goulets d’étranglement et la levée des restrictions sur les déplacements d’ici le milieu de l’année prochaine devraient encourager le retour à un rythme plus soutenu pour les exportations. Ce phénomène mondial de dissipation devrait avoir des effets positifs sur la demande extérieure de la zone euro (cf. encadré 2), et la dépréciation récente du taux de change de l’euro devrait améliorer la compétitivité des exportations. Le rythme de croissance des importations devrait à nouveau s’accélérer en 2022 et 2023 avec la reprise de la demande intérieure, sa normalisation étant attendue vers la fin de l’horizon de projection avec l’assouvissement de la demande non satisfaite. Dans l’ensemble, les exportations nettes contribueraient fortement à la croissance du PIB en volume au second semestre 2022, avant une contribution légèrement positive à mesure que les effets de la dépréciation de l’euro s’estomperont.

Le taux de chômage a poursuivi sa baisse au troisième trimestre 2021 et devrait continuer à diminuer à mesure de l’accélération de la reprise. Une dynamique plus forte que prévu de la croissance de l’emploi au troisième trimestre 2021, accompagnée d’une forte baisse du nombre de travailleurs participant à des dispositifs de maintien de l’emploi, expliquent la vigueur du marché du travail et cette baisse du taux de chômage. L’augmentation récente du nombre d’offres d’emploi conjuguée à une forte croissance de l’emploi indique que la main-d’œuvre comme facteur limitant la production demeure un obstacle spécifiquement sectoriel, les secteurs les plus atteints par la pandémie étant freinés par des difficultés de recrutement. Les conditions sur le marché du travail étant susceptibles de s’améliorer encore davantage, le taux de chômage devrait renouer avec son niveau d’avant la pandémie d’ici fin 2021 et revenir à 6,6 % en 2024 sous l’effet d’une forte demande de main-d’œuvre liée à la reprise économique, mais aussi des évolutions démographiques[6]. Il s’agirait du plus bas taux de chômage observé dans la zone euro depuis sa création en 1999.

La hausse de la productivité du travail devrait subir temporairement les répercussions du ralentissement à court terme de la croissance économique, avant de regagner de la vigueur. La hausse de la productivité du travail s’est établie à près de 1,4 % au deuxième trimestre et à 1,2 % au troisième trimestre 2021. Le ralentissement de la croissance économique lié aux goulets d’étranglement au niveau de l’offre et à la nouvelle résurgence de la pandémie implique une forte baisse de la productivité au tournant de l’année. Celle-ci devrait reprendre de l’élan dans la seconde moitié de 2022 grâce au au renforcement de la croissance économique. D’ici à la fin de l’horizon de projection, la productivité du travail par personne employée devrait être 4,5 % au-dessus de son niveau d’avant la crise.

Par rapport aux projections de septembre 2021, la croissance du PIB en volume a été révisée à la baisse pour 2022 et à la hausse pour 2023. La révision à la baisse des perspectives à court terme, qui reflète un nouveau resserrement des contraintes pesant sur l’offre, la hausse des prix de l’énergie et les restrictions plus strictes liées à la pandémie, a un effet négatif sur la croissance annuelle du PIB en volume attendue en 2022. Étant donné la sortie anticipée de la pandémie et la dissipation progressive des goulets d’étranglement au niveau de l’offre, la croissance trimestrielle a été revue à la hausse à partir du second trimestre 2022, entraînant une révision à la hausse de la croissance annuelle du PIB en volume pour 2023. Le resserrement budgétaire plus faible et la dépréciation effective du taux de change de l’euro depuis les projections de septembre 2021 ont contribué à ces révisions à la hausse, bien que ces facteurs aient été partiellement contrebalancés par les effets négatifs de la hausse des cours du pétrole et des taux d’intérêt à long terme ainsi que du recul de la demande extérieure.

2 Perspectives budgétaires

Le retrait des mesures de soutien budgétaire devrait commencer en 2022 et se poursuivre en 2023 et 2024. Après avoir été largement expansionniste en 2020, l’orientation budgétaire de la zone euro corrigée des subventions accordées au titre du NGEU devrait être globalement neutre en 2021, puis se resserrer fortement en 2022 et dans une moindre mesure sur le reste de l’horizon de projection. Ce resserrement s’explique, en 2022, par le retrait d’une partie importante des aides d’urgence accordées dans le cadre de la pandémie. Par rapport aux projections de septembre 2021, l’orientation budgétaire a été fortement restreinte pour 2021, en raison notamment de recettes exceptionnelles, d’autres facteurs habituels en période de reprise et d’une estimation plus faible (d’environ 0,5 point de pourcentage du PIB) des mesures discrétionnaires de relance dans leur ensemble. Pour 2022, l’orientation budgétaire devrait être environ 1 point de pourcentage de PIB plus expansionniste qu’attendu dans les projections précédentes, un assouplissement qui s’explique principalement par la mise en œuvre ou la prolongation (ou la réévaluation) de mesures de lutte contre à la pandémie ainsi que par l’adoption de nouvelles mesures compensatoires face à la hausse des prix de l’énergie, des transferts sociaux et des réductions de la fiscalité directe et des cotisations sociales. Seules de légères révisions ont été apportées à l’orientation budgétaire pour 2023.

Le solde budgétaire de la zone euro devrait s’améliorer de manière régulière, notamment en 2022, tout en restant inférieur à son niveau d’avant la crise à la fin de l’horizon de projection. Le déficit budgétaire de la zone euro serait resté élevé en 2021, après un pic en 2020. Sur l’horizon de projection, l’amélioration notable est essentiellement due à la composante conjoncturelle et au déficit primaire corrigé du cycle. Les paiements d’intérêts contribuent également à cette tendance et devraient poursuivre leur baisse pour revenir à 1,0 % du PIB en 2024. Le solde budgétaire, à -1,8 % du PIB, devrait rester inférieur à son niveau d’avant la crise à la fin de l’horizon de projection. Après avoir fortement augmenté en 2020, la dette publique agrégée au sein de la zone euro devrait diminuer sur l’ensemble de l’horizon de projection pour s’établir à environ 90 % du PIB en 2024, soit un niveau supérieur à celui d’avant la crise. Ce recul s’explique essentiellement par des écarts favorables entre taux d’intérêt et taux de croissance, mais aussi par des ajustements déficit-dette, qui compenseront nettement des déficits primaires persistants, bien qu’en baisse. Par rapport aux projections de septembre 2021, les perspectives budgétaires pour 2021 se sont améliorées, en raison principalement de l’évolution de l’orientation budgétaire. Les perspectives pour 2022‑2023 restent globalement inchangées, malgré une légère détérioration en 2022 due en grande partie aux mesures supplémentaires de relance, ajoutées au scénario de référence pour 2022, et à d’autres facteurs non discrétionnaires. La trajectoire du ratio de dette agrégé de la zone euro a été revue à la baisse sur l’ensemble de l’horizon de projection, pour tenir compte des révisions favorables des écarts entre taux d’intérêt et taux de croissance découlant des ajustements de la croissance nominale, et des effets de base à partir de 2020. Les paiements d’intérêts restent globalement inchangés par rapport aux projections de septembre 2021 au niveau agrégé de la zone euro.

3 Prix et coûts

Après avoir atteint 4,9 % en novembre 2021, la progression de l’IPCH devrait nettement ralentir en 2022 (cf. graphique 3). Le niveau élevé des prix de l’énergie (notamment du carburant, de l’électricité et du gaz), l’augmentation de la demande liée à la réouverture de l’économie et la hausse des prix à la production induite par les goulets d’étranglement mondiaux au niveau de l’offre et les coûts élevés du transport sont autant de facteurs ayant déclenché une forte poussée des pressions inflationnistes, qui devraient subsister en 2022. La hausse des prix mesurée par l’IPCH devrait toutefois se tempérer en 2022, en raison surtout des effets de base des composantes énergie et hors énergie liés, entre autres, à la fin de la réduction du taux de TVA en Allemagne en janvier 2021[7]. Le pic de cette augmentation des prix de l’énergie, notamment du carburant, du gaz et de l’électricité, aurait été atteint fin 2021 (cf. encadré 3 pour plus de détails). Ces hausses de prix devraient se poursuivre début 2022, avant de décliner au cours de l’année en lien, surtout, avec la combinaison d’effets de base et des répercussions des prix du pétrole ainsi que du gaz et de l’électricité en gros, qui devraient s’atténuer selon les prix des contrats à terme. La hausse de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires devrait également décélérer après son pic fin 2021, grâce en partie aux effets de base mais aussi à l’allégement des tensions sur les prix si les goulets d’étranglement au niveau de l’offre se dissipent progressivement, comme attendu, au deuxième trimestre 2022, tandis qu’une pression haussière pourrait être exercée par les effets indirects de la flambée des prix de l’énergie. La hausse des prix des produits alimentaires devrait quant à elle persister au cours des prochains trimestres.

La progression de l’IPCH devrait se stabiliser à 1,8 % en 2023 et 2024. Ce chiffre masque une légère augmentation de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires (de 1,7 % à 1,8 %), tandis que la hausse de ces deux composantes devrait ralentir face à la trajectoire baissière de la courbe des contrats à terme sur le pétrole et à la réduction des effets des mesures budgétaires. La hausse de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires devrait s’accélérer progressivement vers la fin de l’horizon de projection, soutenue par un resserrement sur les marchés de produits, une plus forte croissance des coûts salariaux unitaires, et des anticipations d’inflation plus élevées se rapprochant de l’objectif d’inflation de 2 % de la BCE. Le resserrement attendu du marché du travail devrait soutenir plus particulièrement la progression des salaires et stimuler la hausse de l’IPCH hors énergie et produits alimentaires en 2023 et 2024.

La croissance de la rémunération par tête resterait faussée par le nombre de personnes bénéficiant de dispositifs de maintien de l’emploi en 2022, mais devrait rester robuste par la suite. La croissance de la rémunération par tête a fortement varié en présence de ces dispositifs, ce qui a poussé vers le bas le taux de croissance annuel de la rémunération par tête en 2020 et entraîné un rebond consécutif dans les trois premiers trimestres de 2021. Ce phénomène devrait persister au premier semestre 2022, ne causant qu’une légère réduction du taux de croissance annuel moyen, de 4,2 % en 2021 à 3,8 % en 2022. La progression des salaires devrait ensuite ralentir tout en restant vigoureuse, pour s’établir à 2,9 % en 2023 et 2024. Au cours des dernières années de l’horizon de projection, la robustesse de cette progression est principalement liée aux tensions sur le marché du travail, le taux de chômage devant diminuer à un niveau plancher de très long terme, tandis que les effets de second tour du niveau actuellement élevé de l’inflation devraient être modérés en raison du faible nombre de dispositifs formels d’indexation des salaires dans la zone euro[8]. Des hausses du salaire minimum sont parfois attendues sur l’ensemble de l’horizon de projection, et plus particulièrement en 2022. Elles auront une incidence mécanique directe sur la croissance agrégée des salaires, mais pourraient également provoquer des effets d’entraînement sur la structure des salaires[9]. La progression des salaires dans le secteur public devrait être constamment inférieure à celle du secteur privé, ce qui laisse penser que des retombées positives du secteur public vers le secteur privé sont peu probables.

Les coûts salariaux unitaires devraient augmenter sur l’horizon de projection, en raison d’une croissance plus lente de la productivité par personne employée et d’une progression soutenue des salaires. Alors que les effets des dispositifs de maintien de l’emploi s’atténuent, le ralentissement de la croissance de la rémunération par tête entre 2022 et 2023 devrait être accompagné par une baisse similaire de la productivité par personne employée, ce qui entraînerait une croissance des coûts salariaux unitaires d’environ 1 % en 2022 et 2023. La normalisation continue de la croissance de la productivité du travail en 2024 couplée à une nette progression constante des salaires implique néanmoins une hausse notable des coûts salariaux unitaires, qui contribuera à une poussée de l’IPCH hors produits alimentaires et énergie.

Graphique 3

IPCH de la zone euro

(variations annuelles en pourcentage)

Note : La ligne verticale indique le début de l’horizon de projection.

Les tensions sur les prix d’origine extérieure devraient être bien plus marquées que les pressions intérieures en 2022, avant de retomber à des niveaux nettement inférieurs au cours des dernières années de l’horizon de projection. Le taux de croissance annuel du déflateur des prix à l’importation devrait passer de -2,6 % en 2020 à 6,7 % en 2021, reflétant en grande partie les hausses des cours du pétrole et des prix matières premières hors énergie mais aussi certaines augmentations des coûts d’autres consommations intermédiaires liées aux pénuries de l’offre et à la dépréciation de l’euro. À compter de 2022, la hausse des prix à l’importation devrait faiblir, pour s’établir à 0,8 % en 2024.

Par rapport aux projections de septembre 2021, les perspectives d’augmentation de l’IPCH ont été révisées à la hausse de 0,4 point de pourcentage pour 2021, 1,5 point de pourcentage pour 2022 et 0,3 point de pourcentage pour 2023. Un peu plus de la moitié de la révision cumulée concerne la composante énergie de l’IPCH (concentrée principalement en 2022), tandis qu’un peu moins d’un tiers porte sur la hausse de l’IPCH hors produits alimentaires et énergie. Le reste concerne la composante produits alimentaires de l’IPCH. Ces révisions reflètent les récentes données non anticipées, les effets haussiers directs et indirects liés à l’augmentation des cours des matières premières énergétiques, les pressions à la hausse plus fortes et plus persistantes découlant des ruptures d’approvisionnement, la croissance vigoureuse des salaires et la dépréciation du taux de change de l’euro.

Encadré 3
Évolutions des cours des matières premières énergétiques et leurs implications pour les projections relatives à la composante énergie de l’IPCH

Les cours des matières premières énergétiques enregistrent un fort rebond par rapport au creux atteint lors de la pandémie, sous l’effet de facteurs d’offre et de demande (cf. graphique A). La reprise économique mondiale a stimulé la demande de pétrole et de gaz. La demande de gaz a été favorisée par le temps froid de l’hiver dernier et les vents faibles de l’été, qui ont restreint la production d’énergie éolienne et conduit à son remplacement par du gaz. Dans le même temps, les réductions de l’offre de l’OPEC+ et la lenteur de la production de schiste aux États-Unis ont soutenu les cours du pétrole, tandis que l’approvisionnement en provenance de Norvège et de Russie a été faible sur les marchés européens du gaz. Les prix de gros de l’électricité dans l’UE ont augmenté en raison principalement de la hausse des prix du gaz, les premiers étant indexés sur les coûts marginaux à court terme des centrales au gaz[10]. L’augmentation des prix des quotas dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission de l’UE (SEQE) a également contribué à ce phénomène.

Les hypothèses sous-tendant la projection de référence pour les prix des produits énergétiques, fondées sur les prix des contrats à terme, prévoient une baisse des prix des matières premières énergétiques en 2022. Si, dans les projections antérieures, les hypothèses techniques s’appuyaient principalement sur les courbes des contrats à terme sur le pétrole, elles sont complétées dans les projections de décembre 2021 par les contrats à terme sur les prix du gaz et de l’électricité, compte tenu de la dissociation observée des contrats de gaz et des cours du pétrole. La courbe actuelle des contrats à terme sur le pétrole est descendante (cf. graphique A). C’est souvent le résultat d’un resserrement du marché, car le pétrole constitue un « rendement d’opportunité » avantageux à stocker. Mais cette tendance baissière pourrait également être le reflet des anticipations des opérateurs de marché selon lesquelles la demande et l’offre de pétrole devraient s’équilibrer début 2022, avant une nouvelle hausse de la demande, ce que corrobore l’Agence internationale de l’énergie dans ses dernières projections[11]. Sur la base des prix des contrats à terme sur les marchés de gros, les cours du gaz et de l’électricité devraient également baisser après l’hiver, la consommation de gaz dépendant des besoins en chauffage.

Graphique A

Pétrole, gaz, électricité et prix des contrats à terme sur le SEQE

Sources : Eurostat, Refinitiv, Intercontinental Exchange - ICE, Bloomberg, Gestore Mercati Energetici, Fraunhofer ISE et calculs des services de la BCE.
Notes : Les prix de gros de l’électricité (et des contrats à terme) pour la zone euro sont calculés comme une moyenne pondérée des cours observés sur les cinq marchés les plus importants. La génération d’électricité est utilisée comme facteur de pondération. Les lignes continues représentent les prix de gros/au comptant. Les lignes en pointillés renvoient aux contrats à terme des séries de prix respectives. La dernière observation porte sur novembre 2021 (octobre 2021 pour les prix de l’électricité). La date d’arrêté des contrats à terme est le 25 novembre 2021.

L’augmentation des prix de la composante énergie a atteint un taux annuel de 27,4 % en novembre 2021, la part des prix du gaz et de l’électricité étant en hausse ces derniers mois (cf. graphique B, partie gauche). La contribution la plus importante à la composante énergie de l’IPCH est habituellement celle des prix des carburants pour le transport. Bien qu’il s’agisse toujours de la principale part, elle est en léger recul dernièrement. Plus précisément, les prix du carburant ont contribué à hauteur de 14,1 points de pourcentage au taux de variation annuel des prix de l’énergie en octobre, et les prix de l’électricité et du gaz représentaient conjointement 9,3 points de pourcentage, un niveau inédit. Les évolutions des prix du gaz et de l’électricité sont néanmoins très hétérogènes d’un pays à l’autre de la zone euro, compte tenu des différences dans la répercussion des prix de gros, qui dépendent de la composition et du mécanisme de fixation des prix ainsi que du bouquet énergétique utilisé pour la production d’électricité. En outre, plusieurs pays de la zone euro ont introduit des mesures budgétaires temporaires, ou envisagent de le faire, afin d’amortir les effets de la hausse des prix de l’énergie pour les consommateurs. Si, dans certains pays, ces mesures ont une incidence directe sur les prix à la consommation (par l’intermédiaire de taxes moins élevées, par exemple), d’autres prennent la forme de transferts (notamment pour les ménages à faible revenu) et n’ont donc pas d’incidence directe.

Les projections de décembre 2021 suggèrent que la hausse des prix de l’énergie devrait rester soutenue en moyenne en 2022, ce qui maintiendrait une inflation globale plutôt élevée, qui serait toutefois plus modérée en 2023 et 2024 (cf. graphique B, partie droite). La hausse des prix de l’énergie devrait culminer au tournant de l’année 2022. Outre les prix élevés du carburant, ce pic devrait être alimenté par les prix du gaz et de l’électricité, qui reflètent entre autres le décalage des effets sur les prix à la consommation des hausses des prix de gros au cours des derniers mois ainsi que les prix élevés des contrats à terme sur l’énergie en hiver. Un ralentissement de la hausse des prix de l’énergie est ensuite attendu, dans un contexte de baisse des courbes des contrats à terme sur le pétrole et le gaz et d’effets de base baissiers résultant des hausses mensuelles importantes des prix de l’énergie en 2021. Ces effets de base devraient ralentir fortement la hausse des prix de l’énergie en janvier, mars, juillet et octobre 2022 (cf. barres bleues du graphique C). Les effets de base cumulés sur l’année devraient soustraire plus de 20 points de pourcentage à la hausse des prix de l’énergie d’ici novembre 2022 par rapport à son taux de novembre 2021 (cf. barres jaunes du graphique C)[12]. Pour 2023 et 2024, la part de la hausse des prix de l’énergie dans la hausse de l’IPCH global est très restreinte, correspondant à la trajectoire baissière de la courbe des contrats à terme sur le pétrole. Elle sera toutefois soutenue par le retrait des mesures budgétaires temporaires visant à réduire les prix de l’énergie et par des mesures nationales en matière de changement climatique.

Graphique B

Composante énergie de l’IPCH : chiffres passés et projetés

(variations annuelles en pourcentage et contributions en points de pourcentage)

Sources : Eurostat, projections de décembre 2021 et calculs des services de la BCE.
Note : La dernière observation se rapporte à novembre 2021 pour la composante énergie de l’IPCH et à octobre 2021 pour les composantes individuelles.

Graphique C

Incidence des effets de base sur la hausse des prix de l’énergie

(en points de pourcentage)

Sources : Eurostat et calculs des services de la BCE.
Notes : Les effets de base en glissement mensuel montrent la contribution de l’effet de base à la variation du taux d’inflation annuel dans le secteur de l’énergie d’un mois sur l’autre. L’incidence cumulée des effets de base est calculée en additionnant les effets de base en glissement mensuel et est toujours présentée par rapport à un mois de référence spécifique. Par exemple, la baisse de l’inflation dans le secteur de l’énergie anticipée pour juin 2022 par rapport à novembre 2021 est due à hauteur d’environ 10 points de pourcentage à des effets de base.

L’incertitude politique quant à l’utilisation future du gaz et du pétrole pourrait contribuer à la volatilité des prix des matières premières pendant la transition écologique. La demande de pétrole et de gaz dépend fondamentalement des stratégies adoptées dans le monde pour relever les défis liés au changement climatique ainsi que de la disponibilité de sources d’énergie renouvelables. Tant que l’efficacité énergétique et la capacité de production de sources d’énergie renouvelables ne seront pas suffisamment développées, la demande de combustibles fossiles tels que le gaz pourrait rester élevée et volatile.

Outre les politiques nationales relatives au changement climatique, les politiques de l’UE en la matière et l’augmentation du prix du carbone peuvent également avoir une incidence sur l’évolution des prix de l’énergie. Les prix des quotas dans le système d’échange de quotas d’émission de l’UE (SEQE-UE) sont passés à plus de 70 euros par tonne d’équivalent CO2 en novembre. Si la pente de la courbe des prix des contrats à terme du SEQE n’est que légèrement ascendante (graphique A), la plupart des estimations du niveau du prix du carbone nécessaire pour atteindre les objectifs de l’UE en termes de réduction des émissions sont plus élevées que les prix actuels. Le prix du carbone devrait augmenter dans l’UE, la Commission européenne ayant proposé de réformer le SEQE-UE, notamment en élargissant son champ d’application, et de revoir la directive de l’UE sur la taxation de l’énergie. L’introduction graduelle des mesures proposées pourrait avoir une incidence progressive sur les prix de l’énergie.

Encadré 4
Prévisions des autres institutions

Des prévisions établies pour la zone euro ont été publiées par des organisations internationales et des institutions du secteur privé. Elles ne sont toutefois pas directement comparables entre elles ou avec les projections macroéconomiques des services de l’Eurosystème, dans la mesure où elles ont été finalisées à des dates distinctes. Elles reposent aussi probablement sur des hypothèses divergentes quant à l’évolution future de la pandémie de COVID-19. En outre, elles s’appuient sur des méthodes différentes pour le calcul des hypothèses relatives aux variables budgétaires, financières et externes, y compris les prix du pétrole et des autres matières premières. Enfin, les méthodes d’ajustement en fonction du nombre de jours ouvrés varient également selon les prévisions (cf. tableau ci-dessous).

Comparaison des prévisions récentes relatives à la croissance du PIB en volume et à la progression de l’IPCH dans la zone euro

(variations annuelles en pourcentage)

Sources : Consensus économique, 9 décembre 2021, données pour 2023 et 2024 tirées de l’enquête d’octobre 2021 ; Perspectives économiques de l’OCDE, décembre 2021, no 110 ; MJEconomics pour le baromètre de la zone euro, 18 novembre 2021, les données relatives à 2023 et 2024 provenant du baromètre d’octobre 2021 ; Commission européenne, Prévisions économiques de l’automne 2021 ; enquête menée par la BCE auprès des prévisionnistes professionnels pour le quatrième trimestre 2021, conduite entre le 1er et le 11 octobre ; FMI, Perspectives de l’économie mondiale, 12 octobre 2021.
Notes : Les projections macroéconomiques des services de l’Eurosystème indiquent des taux de croissance annuels corrigés du nombre de jours ouvrés, alors que la Commission européenne et le FMI annoncent des taux de croissance annuels non corrigés. Les autres prévisions ne précisent pas sur quelle base elles sont fondées en la matière. Les données rétrospectives peuvent différer des dernières publications d’Eurostat en raison de données publiées après la date d’arrêté des projections.

La projection de décembre 2021 des services de l’Eurosystème pour la croissance du PIB en volume est inférieure à celles des autres prévisionnistes pour 2022, mais sensiblement supérieure pour 2023. La projection d’inflation, quant à elle, est nettement supérieure pour 2022 et dans le haut de la fourchette des autres prévisions pour 2023. La projection de croissance de décembre 2021 est inférieure aux autres prévisions pour 2022, mais seulement légèrement inférieure aux projections les plus récentes qui comprennent les dernières informations sur l’intensification des goulets d’étranglement du côté de l’offre, sur la pandémie et les restrictions connexes. Un rebond plus marqué à mesure de la résorption de ces goulets d’étranglement peut expliquer en partie la projection de croissance plus élevée en 2023. En ce qui concerne l’inflation, la projection de décembre 2021 pour 2022 est plus élevée que les autres prévisions. Cela s’explique en grande partie par l’inclusion des données relatives à l’IPCH de novembre 2021 et par une hausse de l’inflation attendue dans les composantes plus volatiles. Les différences par rapport aux autres prévisions pour 2024 sont limitées pour la croissance comme pour l’IPCH.

Encadré 5
Scénarios alternatifs pour les perspectives économiques de la zone euro

Au vu de la persistance de l’incertitude relative à l’évolution future de la pandémie et à ses conséquences économiques, mise en lumière par l’apparition du variant Omicron, cet encadré présente deux scénarios alternatifs autour du scénario de référence de décembre 2021.[13] Par rapport au scénario de référence, un scénario modéré table sur une résolution plus rapide de la pandémie en 2022, en particulier dans les économies de marché émergentes en raison de l’hypothèse de taux de vaccination progressant plus rapidement. Dans ce scénario, les taux d’infection seraient plus faibles, l’efficacité des vaccins plus élevée et les risques de réinfection moindres (graphique A). Cela accélérerait l’assouplissement des restrictions, entraînerait de forts effets positifs sur la confiance et n’amènerait des coûts économiques que très limités. En revanche, le scénario sévère laisse entrevoir une crise sanitaire prolongée caractérisée par des vagues pandémiques récurrentes (avec de nouveaux variants du virus, un risque mis en évidence par l’émergence du variant Omicron) et une proportion plus faible de la population bénéficiant d’une protection efficace. La forte recrudescence des infections et des hospitalisations qui en résulte entraînerait un resserrement des restrictions à la mobilité et dès lors une atténuation du dynamisme économique début 2022, dans une moindre mesure toutefois que début 2021. La crise sanitaire se poursuivrait jusque mi-2023, ralentissant l’activité et laissant des séquelles économiques, amplifiées par l’augmentation des faillites.

Graphique A

Simulations relatives à l’évolution de la pandémie à l’aide du modèle BCE-BASIR

(écarts en pourcentage par rapport aux cinq premières semaines de 2020, partie supérieure gauche ; pourcentages de la population, toutes les autres parties)

Sources : Rapports sur la mobilité établis par Google, Centre européen de prévention et de contrôle des maladies et calculs de la BCE.
Note : La distribution est obtenue au moyen de simulations aléatoires qui tiennent compte de : a) l’incertitude entourant le taux de vaccination U~[0,8 %-1,2 %] ; b) l’incertitude en matière d’efficacité des vaccins U~[30 %-70 %], d’efficacité de la vaccination (hospitalisations) U~[65 %-85 %] et de réinfection U ~[0 %-15 %]; c) l’incertitude concernant la hausse du taux d’infection causée par le nouveau variant du virus N~(60 %, 10 % std) ; d) l’incertitude relative au paramètre SIR ; e) l’incertitude N~(52 %, 10 % std) entourant les effets d’apprentissage ; et f) l’incertitude historique telle qu’elle ressort des résidus du modèle.

Le PIB en volume continuerait de croître fortement en 2022 dans le scénario modéré, mais seulement modestement dans le scénario sévère, alors qu’il progresserait dans un intervalle étroit entre les valeurs des différents scénarios à la fin de l’horizon de projection (graphique B). Le scénario modéré implique une croissance vigoureuse début 2022, soutenue par des vaccins efficaces et une capacité de résistance de l’économie face aux restrictions, en particulier dans les économies de marché émergentes, ce qui, par rapport au scénario de référence, se traduit par une demande extérieure adressée à la zone euro plus élevée et, partant, une hausse des exportations, vecteur de forts effets positifs sur la confiance. Ces effets, conjugués à la reprise plus vive qu’anticipé dans les services nécessitant de nombreux contacts, seraient à l’origine d’une augmentation plus nette de la consommation, d’une baisse plus prononcée du taux d’épargne et d’un recul plus marqué du chômage que dans le scénario de référence. Dans le scénario modéré, l’activité économique dépasserait la trajectoire d’avant la pandémie d’ici mi-2022. Dans le scénario sévère, la zone euro entamerait une récession technique, caractérisée par une contraction de l’activité économique au quatrième trimestre 2021 et au premier trimestre 2022 due au durcissement des restrictions. La croissance économique serait inférieure au niveau projeté dans le scénario de référence jusqu’au début de 2023 en raison de l’assouplissement seulement progressif des restrictions et de l’incertitude élevée dans le scénario sévère. Alors que les ménages restent prudents et maintiennent un haut taux d’épargne, un chômage toujours élevé met en évidence les risques sur le marché du travail, où les vulnérabilités des entreprises et les faillites intensifieraient les besoins de réallocation de la main-d’œuvre.

Scénarios macroéconomiques alternatifs pour la zone euro

(variations annuelles en pourcentage ; pourcentage de la population active)

Notes : Le PIB en volume est calculé à partir de données corrigées des variations saisonnières et du nombre de jours ouvrés. Les données rétrospectives peuvent différer des dernières publications d’Eurostat en raison de données publiées après la date d’arrêté des projections.

Quoique presque identique à court terme dans les différents scénarios, l’inflation mesurée par l’IPCH s’établirait à 2,0 % dans le scénario modéré en 2023-2024 et ralentirait sensiblement dans le scénario sévère au cours des dernières années de l’horizon de projection (graphique B). Les deux scénarios signalent un pic de l’inflation au quatrième trimestre 2021 du fait de facteurs largement temporaires, y compris les effets de base liés à la hausse des prix de l’énergie et aux goulets d’étranglement du côté de l’offre, mais des différences apparaissent ultérieurement entre les deux scénarios sous l’effet de conditions économiques réelles différentes. En particulier, la forte pression à la hausse résultant des tensions sur les marchés des produits et du travail entraîne une augmentation significative de l’inflation sous-jacente en 2024 dans le scénario modéré, alors qu’elle resterait contenue en 2023-2024 dans le scénario sévère.

Graphique B

Scénarios alternatifs relatifs au PIB en volume et à la hausse de l’IPCH dans la zone euro

(volumes chaînés, 2019 T4 = 100 (partie gauche) ; variations annuelles en pourcentage (partie droite))

Notes : Les données relatives au PIB en volume sont corrigées des variations saisonnières et du nombre de jours ouvrés. La ligne verticale indique le début de l’horizon de projection. Les données rétrospectives peuvent différer des dernières publications d’Eurostat en raison de données publiées après la date d’arrêté des projections.

Une réserve à l’égard de ces simulations est qu’aucune incidence sur les goulets d’étranglement au niveau de l’offre et leurs conséquences macroéconomiques n’est envisagée dans l’un ou l’autre scénario. Cela est dû à l’incertitude quant aux effets de l’évolution future de la pandémie sur les goulets d’étranglement. D’une part, l’aggravation de la pandémie et la baisse de la demande pourraient alléger les contraintes, une grande partie d’entre elles étant causées par l’augmentation de la demande dépassant les capacités d’offre. D’autre part, de nouvelles perturbations des chaînes d’approvisionnement en raison des confinements et/ou d’une modification de la composition de la demande au détriment des services aux consommateurs et au profit des biens pourraient aggraver les goulets d’étranglement de l’offre. Une aggravation des goulets d’étranglement pourrait, dans les deux scénarios, freiner l’activité économique tout en exerçant une pression à la hausse sur les prix, tandis que des effets inverses se produiraient si les goulets d’étranglement s’atténuaient.

Encadré 6
Analyse de sensibilité

Les projections se fondent largement sur des hypothèses techniques relatives à l’évolution de variables-clés déterminées. Certaines de ces variables pouvant avoir une forte incidence sur les projections concernant la zone euro, l’examen de leur sensibilité à d’autres trajectoires de ces hypothèses sous-jacentes peut permettre d’analyser les risques inhérents aux projections.

Cette analyse de sensibilité vise à évaluer les effets qu’auraient des trajectoires différentes des prix du pétrole. Les hypothèses techniques relatives à l’évolution des prix du pétrole sont fondées sur les contrats à terme sur le pétrole. Plusieurs trajectoires différentes des prix du pétrole sont analysées. La première repose sur le 25e centile de la distribution fournie, le 25 novembre 2021 (date d’arrêté des hypothèses techniques), par les densités implicites dans les options sur le pétrole. Cette trajectoire implique une baisse progressive du prix du pétrole jusqu’à un niveau environ 40 % inférieur à l’hypothèse de référence pour 2024. En utilisant la moyenne des résultats de différents modèles macroéconomiques établis par nos services, cette trajectoire aurait une légère incidence à la hausse sur la croissance du PIB en volume et une incidence à la baisse plus prononcée sur la hausse de l’IPCH tout au long de la période de projection. La deuxième trajectoire est fondée sur le 75e centile de la même distribution et fait apparaître une augmentation du prix du pétrole jusqu’à un niveau environ 32 % supérieur à celui de l’hypothèse de référence pour 2024. Cette trajectoire aurait une très faible incidence à la baisse sur la croissance du PIB en volume et une incidence à la hausse un peu plus forte sur l’IPCH en 2022-2024. La troisième trajectoire repose sur l’hypothèse que le prix du pétrole reste à son niveau à la date d’arrêté, de 83,1 dollars le baril, soit environ 20 % de plus que l’hypothèse de référence pour 2024. Cette trajectoire aurait une faible incidence à la baisse sur la croissance du PIB en volume en 2023-2024, tandis que l’IPCH serait 0,2 à 0,3 point de pourcentage plus élevé en 2022-2024.

1) Effets des autres trajectoires des prix du pétrole

Notes : Les 25e et 75e centiles font référence aux densités neutres inférées des options sur le prix du pétrole au 25 novembre 2021. Le prix constant du pétrole prend la valeur arrêtée à la même date. Les effets macroéconomiques sont déclarés comme les moyennes de plusieurs modèles macroéconomiques établis par nos services.

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Veuillez consulter le glossaire de la BCE (uniquement disponible en anglais) pour toute question terminologique.

HTML ISSN 2529-4709, QB-CF-21-002-FR-Q

  1. La date d’arrêté des hypothèses techniques, concernant notamment les prix du pétrole et les cours de change, est le 25 novembre 2021 (cf. encadré 1). Les projections macroéconomiques pour la zone euro ont été finalisées le 1 décembre 2021. Le présent exercice couvre la période 2021-2024. Il convient de tenir compte, dans l’interprétation de projections sur un horizon aussi long, de la très grande incertitude qui les accompagne. Voir l’article intitulé « Une évaluation des projections macroéconomiques établies par les services de l’Eurosystème » dans le Bulletin mensuel de la BCE de mai 2013. Vous pouvez accéder aux données utilisées pour établir certains tableaux et graphiques en cliquant sur le lien suivant : http://www.ecb.europa.eu/pub/projections/html/index.en.html. Une base de données complète regroupant les précédentes projections macroéconomiques établies par les services de la BCE et de l’Eurosystème est disponible à l’adresse suivante : https://sdw.ecb.europa.eu/browseSelection.do?node=5275746.
  2. En raison de la très grande incertitude entourant les caractéristiques épidémiologiques fondamentales du nouveau variant Omicron, les projections ne tiennent compte que de l’incidence des mesures d’endiguement prises ou annoncées au moment de leur finalisation.
  3. Cf. « L’impact sur les échanges commerciaux des goulets d’étranglement au niveau de l’offre », Bulletin économique, n 6, BCE, 2021, et « Les sources des perturbations des chaînes d’approvisionnement et leur impact sur le secteur manufacturier de la zone euro », à paraître, Bulletin économique, n 8, BCE, 2021.
  4. Cf. également l’encadré 2 intitulé « Dynamique du ratio d’épargne des ménages et implications pour les perspectives économiques de la zone euro » des projections macroéconomiques pour la zone euro établies par les services de l’Eurosystème, juin 2021.
  5. L’hypothèse relative aux rendements nominaux des emprunts publics à dix ans dans la zone euro repose sur la moyenne des rendements des obligations de référence à dix ans, pondérée par les chiffres annuels du PIB et complétée par l’évolution anticipée déterminée à partir de la courbe des taux des emprunts à dix ans dans la zone euro de la BCE, à leur valeur nominale, pour l’ensemble des titres, l’écart initial entre les deux séries étant maintenu à un niveau constant sur l’horizon de projection. Les écarts de rendement entre les emprunts publics des différents pays et la moyenne correspondante de la zone euro sont supposés constants sur l’horizon de projection.
  6. Cf. « Évolutions de l’offre de main-d’œuvre dans la zone euro durant la pandémie de COVID-19 », Bulletin économique, n 7, BCE, 2021.
  7. Par convention, dans les projections établies par les services de l’Eurosystème/de la BCE, les pondérations de l’IPCH sont constantes sur l’horizon de projection. Compte tenu des mutations importantes des modes de consommation engendrées par la pandémie de COVID-19 et de leur possible inversion dans les années à venir, des ajustements à venir des pondérations pourraient rendre plus volatils les taux de variation annuels de l’IPCH qui ne sont pas intégrés aux projections. Cependant, l’incidence attendue sur les taux d’inflation moyens pour les années civiles comprises dans l’horizon de projection serait faible.
  8. Cf. « La prévalence de l’indexation des salaires du secteur privé dans la zone euro et son rôle potentiel pour l’impact de l’inflation sur les salaires », Bulletin économique, n 7, BCE, 2021.
  9. En raison de l’incertitude quant à son calendrier et à sa mise en œuvre, l’augmentation du salaire minimum annoncée récemment en Allemagne n’est pas encore comprise dans les projections de référence.
  10. En vertu du mécanisme de fixation des prix, le prix de gros de l’électricité est fixé sur la base de la technologie la plus onéreuse nécessaire pour répondre à la demande d’électricité. En période de forte demande, ce sont généralement les centrales électriques alimentées au gaz qui déterminent le prix, ce qui crée une corrélation entre prix de gros de l’électricité et du gaz.
  11. Cf. Agence internationale de l’énergie, « Oil Market Report » (rapport sur le marché du pétrole, en anglais), 16 novembre 2021.
  12. Pour de plus amples informations concernant le concept d’effet de base et son rôle dans les dynamiques inflationnistes, cf. l’encadré intitulé « La dynamique récente des prix de l’énergie : le rôle des effets de base et de la fiscalité », Bulletin économique, n 3, BCE, 2021.
  13. Les scénarios sont construits à l’aide du modèle BCE-BASE (cf. Angelini, E., Bokan, N., Christoffel, K., Ciccarelli, M. et Zimic, S., « Introducing ECB-BASE: The blueprint of the new ECB semi-structural model for the euro area », Working Paper Series, n 2315, BCE, septembre 2019). De plus, le modèle BCE-BASIR (une extension du modèle BCE-BASE, cf. Angelini, E., Damjanović, M., Darracq Pariès, M. et Zimic, S., « ECB-BASIR: a primer on the macroeconomic implications of the Covid-19 pandemic », Working Paper Series, n°2431, BCE, juin 2020) est utilisé pour produire des résultats relatifs à la pandémie dans le cadre des deux scénarios (cf. graphique A). Compte tenu de l’incertitude quant à l’incidence des trajectoires alternatives d’évolution de la pandémie sur les hypothèses techniques, celles-ci sont inchangées par rapport au scénario de référence.