L'euro, accélérateur de la croissance en Europe
Intervention de M. Christian Noyer Vice-président de la Banque centrale européenne, Cercle d'Union Interalliée Paris, le 23 juin 1999
1. Introduction
Le 1er janvier 1999, l'euro a été introduit dans onze pays de l'Union européenne qui représentent un total de près de 300 millions d'habitants. L'entrée en vigueur de la phase III de l'Union économique et monétaire (UEM) a créé un ensemble économique d'une taille sensiblement identique à celle de l'économie américaine. En termes de ressources humaines et économiques, la zone euro est comparable à la plus grande économie du monde. En outre, la participation éventuelle des quatre pays de l'Union qui n'ont pas encore adopté la monnaie unique - le Danemark, la Grèce, la Suède et le Royaume-Uni - ne ferait qu'accroître le poids économique de la zone euro et la contribution de l'Europe au développement de l'activité économique mondiale. En ce sens, l'euro est réellement un accélérateur de la croissance, dans la mesure où l'utilisation d'une seule monnaie intensifiera la concurrence dans la zone euro et renforcera l'intégration des marchés. Ceci permettra d'accroître la prospérité économique des citoyens des pays concernés, ce dont profiteront à leur tour les autres pays en Europe et hors d'Europe. Je suis convaincu que l'UEM peut être un catalyseur du progrès économique en Europe et influencer fondamentalement l'ordre économique mondial au XXIème siècle. Aujourd'hui, je voudrais passer en revue les avantages apportés par l'UEM ainsi que les politiques axées sur la stabilité qu'il est nécessaire de mettre en œuvre pour en tirer tous les bienfaits. Pour que l'UEM soit un succès, nous devons tous unir nos efforts.
2. Croissance économique : quels sont les avantages de l'UEM ?
Je voudrais maintenant examiner les avantages de l'UEM et exposer les raisons pour lesquelles je suis profondément convaincu que l'introduction de l'euro et la politique monétaire unique engendreront une croissance économique plus forte dans la zone euro, contribuant par là au développement de l'économie mondiale. La concrétisation de ces avantages dépend non seulement de la politique monétaire de l'Eurosystème - qui, je le rappelle, se compose de la BCE et des banques centrales nationales des onze Etats membres participants -, mais avant tout de la mise en œuvre de politiques budgétaires axées sur la stabilité et de politiques de l'emploi appropriées.
La contribution la plus importante de la politique monétaire de l'Eurosystème en vue de maximiser les avantages de l'UEM consiste à maintenir la stabilité des prix, comme le stipule le Traité de Maastricht. Depuis longtemps, tant les banquiers centraux que les économistes font valoir que les coûts sociaux et économiques de l'inflation sont élevés [1]. Milton Friedman, prix Nobel de sciences économiques, a déclaré fort justement en 1980 que « l'inflation est une maladie, une maladie dangereuse et parfois mortelle, qui, si elle n'est pas enrayée à temps, peut détruire une société » [2]. Cette remarque s'applique également à la déflation. A mon sens, l'UEM constitue un instrument qui permet de consolider les progrès réalisés en matière de stabilité des prix au cours des dernières années et d'ancrer les anticipations conformément à la stabilité des prix, créant ainsi le cadre nécessaire pour saisir les opportunités offertes par l'Union monétaire. L'Eurosystème jouit d'une totale indépendance pour déterminer le niveau des taux d'intérêt qu'il juge approprié pour réaliser son objectif principal, qui est d'assurer la stabilité des prix. En outre, les membres du Conseil des gouverneurs de la BCE sont nommés pour une longue période déterminée et ne peuvent être démis de leurs fonctions que s'ils ne remplissent plus les conditions nécessaires à l'exercice de leurs fonctions ou s'ils ont commis une faute grave. Ces dispositions impliquent que le concept de stabilité monétaire dispose d'une base juridique claire et garantissent que la crédibilité de l'Eurosystème sera sauvegardée en mettant le processus d'élaboration de la politique monétaire à l'abri de l'interférence du politique.
Un autre avantage important de l'UEM réside dans le fait qu'elle a considérablement réduit le risque de distorsion des taux de change réels, ce qui favorise la croissance économique et permet d'éviter une mauvaise allocation des ressources. En fait, cela permet un fonctionnement plus harmonieux du marché unique européen au bénéfice des producteurs comme des consommateurs. L'UEM a fait disparaître l'instabilité des taux de change nominaux et les risques de change au sein de la zone euro. Cette situation favorise non seulement les échanges commerciaux et la croissance dans la zone euro, mais contribue également à l'expansion de l'activité dans les autres pays. De plus, il devrait faciliter les investissements directs étrangers dans les économies de la zone euro dans la mesure où l'instabilité des taux de change constitue un frein à ces opérations.
Les avantages de l'intégration économique résultant de l'avènement du marché unique sont confortés par l'élimination des coûts de transaction liés aux opérations de change entre les différentes monnaies, qui est la conséquence directe de l'introduction de l'euro. En outre, la monnaie unique permet une meilleure comparaison des prix dans toute la zone euro, ce qui devrait intensifier la concurrence et accroître, par voie de conséquence, l'efficacité économique et la croissance dans la zone.
La disparition des différentes monnaies des pays de la zone euro a d'autres effets bénéfiques sur la croissance. Je citerai notamment le potentiel de réduction des primes de risque incluses dans les taux d'intérêt réels, ce qui, en retour, stimulera les investissements. En favorisant le développement et l'intégration des marchés de capitaux, la monnaie unique devrait faire baisser les taux à long terme grâce à l'élimination des primes résultant de la moindre liquidité des marchés. A titre d'exemple, des travaux empiriques ont démontré que, du fait de la plus forte liquidité des marchés, les taux d'intérêt américains à long terme sont inférieurs de 25 à 50 points de base à leurs homologues européens [3]. En outre, un marché financier plus important et plus liquide dans la zone euro facilitera l'intermédiation entre les épargnants et les investisseurs.
Enfin, l'UEM pourrait favoriser le renforcement de l'intégration politique en Europe. D'une manière générale, le processus d'intégration européenne a été et continue d'être dynamisé par la conviction politique qu'une Europe intégrée sera plus sûre, plus stable et plus prospère qu'une Europe morcelée. En ce sens, l'introduction de la monnaie unique dans la zone euro pourrait devenir un symbole important de l'intégration politique et sociale en Europe et être un catalyseur du renforcement de l'intégration dans d'autres domaines.
3. La concrétisation des avantages (I) : une politique monétaire axée sur la stabilité
Comme je l'ai souligné précédemment, la réalisation de l'objectif principal du maintien de la stabilité des prix constitue la contribution la plus importante de la politique monétaire de l'Eurosystème à la croissance économique dans la zone euro. Pour atteindre son objectif principal, la BCE a défini explicitement sa stratégie de politique monétaire. Je voudrais maintenant présenter les principaux aspects de la stratégie de l'Eurosystème.
En premier lieu, afin d'orienter les anticipations relatives à l'évolution future des prix et de faciliter l'évaluation par l'ensemble des agents économiques du succès de la politique monétaire unique, le Conseil des gouverneurs de la BCE a annoncé une définition quantitative de son objectif principal. La stabilité des prix est définie comme une progression sur un an de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) dans la zone euro inférieure à 2 %. En outre, la stabilité des prix doit être maintenue à moyen terme.
En deuxième lieu, afin de maintenir la stabilité des prix conformément à la définition publiée, nous avons décidé d'adopter une stratégie claire de politique monétaire, qui reflète les circonstances particulières du moment et celles qui prévaudront probablement dans un avenir prévisible. Elle garantit, autant que possible, la continuité avec les stratégies poursuivies antérieurement par les banques centrales nationales. Parallèlement, la stratégie prend en compte la situation particulière qui prévaudra dans les premières années suivant l'introduction de l'euro. Notre stratégie repose sur deux piliers : le rôle de premier plan assigné à la monnaie, qui est souligné par l'annonce d'une valeur de référence pour la croissance annuelle de l'agrégat monétaire large M 3, et l'évaluation, reposant sur une large gamme d'indicateurs, des perspectives d'évolution des prix et des risques pour la stabilité des prix dans l'ensemble de la zone euro.
En ce qui concerne le premier pilier de la stratégie de politique monétaire, le Conseil des gouverneurs de la BCE a annoncé une valeur de référence quantifiée pour la croissance de l'agrégat monétaire large M 3, qui a été fixée à un taux annuel de 4,5 %. Les écarts importants par rapport à la valeur de référence devraient, dans des circonstances normales, révéler des risques futurs pour la stabilité des prix. Cependant, la politique monétaire ne réagit pas « mécaniquement » aux écarts constatés entre la croissance monétaire et la valeur de référence. En premier lieu, ces écarts feront l'objet d'une analyse approfondie afin d'évaluer l'information qu'ils contiennent en matière de perspectives d'évolution des prix. Si cette analyse conclut à une menace pour la stabilité des prix, la politique monétaire réagira d'une manière appropriée pour y faire face, plutôt que de chercher à éliminer à court terme l'écart entre la croissance monétaire et la valeur de référence.
Bien que les données monétaires contiennent des informations qui sont indispensables pour la prise de décision en matière monétaire, les évolutions monétaires ne constituent pas, à elles seules, un résumé exhaustif de l'ensemble des informations économiques nécessaires pour prendre des décisions de politique monétaire appropriées. En conséquence, il importe d'étudier parallèlement un large éventail d'indicateurs économiques et financiers, comprenant les prévisions économiques. Cette appréciation, qui repose sur une large gamme d'indicateurs, constitue le second pilier de notre stratégie de politique monétaire. Globalement, la combinaison des deux éléments de la stratégie de l'Eurosystème garantit un suivi et une analyse approfondis des évolutions monétaires, financières et économiques. A l'issue de cet examen, les taux d'intérêt sont fixés de manière à servir le mieux le maintien de la stabilité des prix.
4. La concrétisation des avantages(II) : les autres politiques axées sur la stabilité
Permettez-moi maintenant d'insister sur l'importance qu'il faut accorder aux autres politiques axées sur la stabilité afin de pouvoir tirer profit des avantages de la monnaie unique. Je voudrais souligner que, concrètement, les avantages de l'UEM découlent du fait qu'elle offre l'occasion unique, d'une part, de créer un environnement macro-économique favorable à la stabilité, à la croissance et à l'emploi, et d'autre part, de promouvoir les changements structurels nécessaires pour maintenir le dynamisme à moyen et à long termes des économies européennes. Tous les avantages de la monnaie unique ne se concrétiseront que si les autres politiques axées sur la stabilité apportent un soutien approprié, qui doit venir notamment des politiques budgétaires et de l'emploi, et si des réformes structurelles sont entreprises dans ces domaines. Dès lors, la stabilité des prix est une condition nécessaire mais pas suffisante pour pouvoir saisir les opportunités qu'offre l'UEM.
En ce qui concerne la politique budgétaire, il est absolument essentiel que les gouvernements des Etats membres de l'UE continuent à mettre en œuvre des politiques budgétaires visant une situation budgétaire proche de l'équilibre ou en excédent. Le Pacte de stabilité et de croissance a fixé cet objectif afin de garantir durablement la conformité des politiques budgétaires à l'exigence de la prudence. Du point de vue des banques centrales, la raison principale justifiant l'instauration du Pacte de stabilité et de croissance tient au fait qu'un manque de discipline budgétaire aurait une incidence négative sur la politique mise en œuvre par l'Eurosystème pour maintenir la stabilité des prix. Permettez-moi d'insister sur ce point. Le cadre institutionnel de l'UEM et de l'Eurosystème a été conçu de manière à empêcher que ne s'établisse un lien direct entre une augmentation des déficits publics et une expansion monétaire, et en définitive l'inflation. A cette fin, le Traité a assigné à l'Eurosystème l'objectif principal de la stabilité des prix, prohibant le financement direct des déficits publics par les banques centrales et interdisant aux gouvernements ou à d'autres institutions d'influencer les décisions de politique monétaire. Cependant, même avec ce dispositif, la conduite des politiques budgétaires a clairement une incidence sur l'objectif de stabilité des prix. En particulier, les incertitudes relatives à la cohérence des politiques budgétaires peuvent influer sur l'efficacité des instruments de politique monétaire et risquent de compromettre la crédibilité de la politique monétaire.
Pendant des décennies - et jusqu'à une date très récente -, les politiques budgétaires ont été caractérisées par une augmentation continue de la dette publique. Au sein de l'UEM, en l'absence de dispositions budgétaires contraignantes, les pays pourraient même être moins enclins à poursuivre des politiques budgétaires prudentes. Cela tient essentiellement au fait que les primes de risque liées aux anticipations d'inflation et de change disparaissent à l'échelon national et ne peuvent être entièrement contrebalancées par des primes couvrant le risque de défaillance. Par conséquent, le Traité instituant la Communauté européenne contient un certain nombre de dispositions relatives à la conduite des politiques budgétaires, qui ont été précisées par le Pacte de stabilité et de croissance. En ce sens, le Pacte de stabilité et de croissance constitue un garde-fou important garantissant que la stabilité des prix et des finances publiques demeure la pierre angulaire de l'UEM. En conséquence, nous attachons une grande importance à l'application de ce Pacte.
On aurait tort de croire que le Pacte de stabilité et de croissance est imposé aux pays comme le prix à payer pour leur participation à l'UEM. En réalité, le Pacte ne fait qu'imposer ce qu'il aurait fallu réaliser de toute façon, avec ou sans l'UEM. La nécessité de traiter le problème des déséquilibres budgétaires est évidente en particulier au vu des coûts liés au vieillissement de la population, qui nécessitera, dans un avenir proche, des marges de manœuvre supplémentaires sur le plan budgétaire. Selon les projections et les estimations à long terme, les tendances actuelles des taux de naissance et de l'espérance de vie, conjuguées à l'évolution des systèmes publics de retraites par répartition et d'assurance-maladie, engendrent des dettes publiques implicites très élevées dans la plupart des pays de la zone euro. Dans bon nombre de cas, ces engagements implicites excèdent, semble-t-il, largement le montant de la dette publique officielle.
Je voudrais maintenant évoquer la contribution que les réformes structurelles, en particulier celles qui concernent les marchés du travail de la zone euro, peuvent apporter à la réduction du chômage et au soutien de la stabilité de l'euro. Le niveau élevé du chômage en Europe constitue à juste titre un problème très important. De toute évidence, c'est en s'attaquant à la cause du mal et non pas seulement à ses symptômes qu'on a le plus de chances d'obtenir des résultats durables. Le taux de chômage élevé au sein de l'Union européenne est essentiellement dû aux rigidités structurelles du marché du travail ainsi qu'aux politiques fiscales et de transferts publics. De nombreuses études ont corroboré cette thèse, et l'OCDE, dans son Rapport sur l'emploi, est parvenu à la même conclusion.
Une comparaison des évolutions en Europe et aux Etats-Unis au cours des trois dernières décennies met en évidence le caractère structurel du problème du chômage en Europe. En 1970, le taux de chômage aux Etats-Unis se situait à 4 % environ, soit un niveau deux fois plus élevé que celui enregistré par la plupart des économies européennes. Depuis lors, et bien que le taux de chômage ait fortement fluctué aux Etats-Unis au cours de chaque cycle économique, aucune tendance à la hausse ne s'est dégagée. Ressortant à 4,2 % en mai 1999, le niveau du chômage est pratiquement identique à celui relevé en 1970. A l'inverse, le taux de chômage moyen en Europe semble avoir progressé sur l'ensemble des cycles économiques. Au début des années quatre-vingt, les taux de chômage des deux côtés de l'Atlantique ont largement convergé, et par la suite, celui des Etats-Unis est devenu inférieur à la moyenne de l'Union européenne. En dépit de la légère décrue du chômage observée l'année dernière, le niveau du chômage dans la zone euro se situait à 10,4 % en avril 1999, soit un chiffre deux fois et demi plus élevé que celui enregistré aux Etats-Unis. Cependant, certains pays européens, en particulier ceux dont les marchés du travail sont plus flexibles, sont parvenus à éviter une aggravation continue du chômage. Je citerai l'Autriche, l'Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal, qui connaissent actuellement des taux de chômage largement inférieurs à la moyenne de la zone euro.
S'agissant de la durée du chômage, il ressort clairement que le principal problème en Europe est celui du chômage de longue durée. Selon les chiffres publiés par l'OCDE, environ la moitié des chômeurs recensés dans l'Union européenne sont sans travail depuis au moins un an alors qu'aux Etats-Unis, moins de 10 % des sans-emploi sont dans la même situation. On peut en conclure qu'il est urgent de renforcer en Europe les mesures d'incitation à l'emploi pour les chômeurs de longue durée.
En ce qui concerne les réformes structurelles, les exemples de ce qui peut être fait ne manquent pas - et certains pays de la zone euro se sont déjà engagés dans cette voie. On peut citer : premièrement, les mesures ayant pour objet d'empêcher que les salariés à faible productivité ne soient évincés du marché du travail. A cette fin, les charges fiscales et les coûts salariaux indirects sur les bas salaires pourraient être réduits. En outre, les systèmes de salaire minimum et les conventions collectives doivent prendre en compte la nécessité de préserver les emplois à faible productivité en réduisant les coûts de main-d'œuvre. Deuxièmement, les mesures actives de politique de l'emploi, sous forme de programmes de formation et de stage en entreprises spécialement destinés aux chômeurs de longue durée. Troisièmement, la mise en œuvre de réformes de la fiscalité et des systèmes de sécurité sociale afin de garantir que la situation des personnes ayant un emploi est meilleure que celle des personnes qui n'en ont pas.
Je reconnais qu'il n'est pas toujours aisé de mettre en œuvre des réformes structurelles. Les effets bénéfiques ne se font souvent sentir qu'à moyen terme alors que les coûts à court terme pour certaines catégories peuvent susciter une vive opposition aux réformes. Bien que l'objectif commun soit de réduire le chômage, il n'existe pas de programme unique de réformes qui donne des résultats dans tous les pays. Alors qu'il est possible de profiter de l'expérience des autres, chaque Etat membre veut mettre en place des politiques adaptées à sa situation spécifique. Il n'est pas toujours facile de s'engager dans la voie des réformes structurelles, mais c'est le seul moyen d'obtenir une réduction durable du chômage, qui s'impose de toute urgence. Seules des réformes structurelles visant à assurer des marchés du travail stables, où l'offre et la demande s'ajustent de manière flexible, permettront de tirer pleinement profit des avantages de l'UEM en termes de croissance.
5. Conclusion
Je suis convaincu que l'Union économique et monétaire donne l'occasion unique de créer et de maintenir une vaste zone de stabilité des prix et de prospérité économique en Europe, permettant notamment une réduction sensible du chômage. Cependant, bien que la stabilité des prix soit une condition nécessaire pour saisir toutes les chances offertes par l'UEM, elle n'est pas suffisante en soi. Au niveau national, les politiques axées sur la stabilité en ce qui concerne l'évolution des finances publiques et le fonctionnement du marché du travail revêtent également une importance capitale. Comme je l'ai souligné, les avantages de l'UEM ne se concrétiseront pas automatiquement. Alors que la politique monétaire apporte sa contribution en maintenant la stabilité des prix, les autres politiques économiques doivent être mises en œuvre de manière à obtenir tous les avantages de la monnaie unique. La politique monétaire - si bien définie qu'elle soit et si efficace que soit sa mise en œuvre - ne peut résoudre à elle seule les problèmes économiques en Europe. Dans tous les domaines, les responsables, lorsqu'ils définissent leur politique, doivent prendre dûment en considération le nouvel environnement créé par l'entrée en vigueur de la phase III de l'UEM ainsi que ses conséquences. Alors seulement, l'euro pourra être réellement l'accélérateur de la croissance économique en Europe.
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[1] S. Fischer, « Why are central banks pursuing long-run price stability? », version révisée d'un rapport établi pour le symposium de la Federal Reserve Bank of Kansas City sur le thème « Achieving Price Stability », août 1996.
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[2] M. Friedman et R. Friedman, « Free to Choose: A Personal Statement », Harcourt Brace Jovanovich, 1980, p.253.
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[3] G. Alogoskoufis, R. Portes et H. Rey « The Emergence of the Euro as an International Currency », 1997, étude commentée par A. Bénassy-Quéré, B. Mojon et A.-D. Schor, dans « The International Role of the Euro », CEPII, document de travail No98-03, janvier 1998.
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