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Premières expériences avec l'euro

Discours de M. Christian Noyer Vice-président de la Banque centrale européenne, prononcé au Centre International d'Études Monétaires et Bancairesà Genève, le 20 mars 2001

Mesdames, Messieurs,

C'est un grand plaisir et un honneur pour moi de pouvoir intervenir aujourd'hui devant des auditeurs aussi distingués et venant d'horizons aussi différents. Je suis convaincu que vous ressentez l'importance et le côté exaltant de l'époque que nous vivons : dans un peu plus de neuf mois, les billets et les pièces en euros seront entre les mains et dans les poches de tous les citoyens des États membres participants. L'euro fera ainsi son entrée tangible dans la vie de trois cents millions d'Européens et cessera d'exister uniquement sur les écrans d'ordinateurs ou dans les gros titres de la presse. Voyager des îles ensoleillées de la Méditerranée aux lacs gelés de la Scandinavie ne nécessitera plus aucun arrêt à un bureau de change. À mon avis, ceci est une grande réalisation.

L'introduction des billets et des pièces en euros constituera sans nul doute une étape décisive dans l'acceptation de l'euro par le public et changera par là même son sentiment à l'égard de celui-ci, mais nous ne devons par oublier l'ampleur de la tâche déjà accomplie : l'union monétaire est déjà une réalisation concrète. Je ne prétend pas du tout être un observateur impartial, mais je considère néanmoins que les deux premières années de l'union monétaire ont été un succès. J'espère vous en convaincre d'ici la fin de mon intervention. L'euro - le parachèvement du programme de marché unique - a créé de facto un marché commun de 300 millions de consommateurs, une des deux premières économies du monde. Pour les producteurs, cette situation renforce les potentialités offertes par les économies d'échelle qui, au moins depuis les travaux d'Adam Smith, sont considérées comme l'un des principaux moteurs de la croissance économique et du progrès technologique. La concurrence est stimulée et le sera davantage encore dans le futur grâce à la plus grande transparence des prix qu'apportera l'introduction des billets et des pièces en euros.

Pendant les deux premières années de l'Union économique et monétaire (UEM), nous avons assumé la difficile mission consistant à consolider l'assise d'une nouvelle banque centrale, la Banque centrale européenne (BCE). Cela fut loin d'être une tâche aisée, car la BCE joue un rôle de dimension mondiale et est continuellement sous les feux de la rampe. Selon moi, la BCE a montré qu'elle avait parfaitement les moyens de surmonter les défis auxquels elle doit faire face. On doit ici reconnaître l'apport important des rédacteurs du Traité, qui ont défini un cadre institutionnel optimal pour le maintien de la stabilité des prix et l'obtention d'un niveau élevé de croissance économique et de bien-être dans la zone euro. J'y reviendrai dans un moment.

La transition vers la troisième phase de l'UEM en 1999 a été un succès total d'un point de vue technique. Un marché monétaire de la zone euro pleinement intégré - préalable essentiel à une union monétaire - s'est mis en place dès le tout premier jour de l'euro. Le taux d'intérêt au jour le jour, un indicateur-clé de l'orientation de la politique monétaire, est pratiquement le même dans les pays de la zone euro depuis le début de la troisième phase de l'UEM en janvier 1999. Cela n'était certainement pas acquis avant cette date. Non seulement les banques centrales, mais aussi d'autres agents économiques, notamment le secteur bancaire et les gouvernements, ont dû mener de vastes travaux préparatoires.

Le meilleur critère permettant d'évaluer le succès de l'euro est, bien sûr, le maintien de la stabilité des prix dans la zone euro. Aux termes du Traité, il s'agit de l'objectif principal de la BCE et la stratégie de politique monétaire de la BCE a été conçue en vue de remplir cet objectif. Le premier élément de cette stratégie est la définition que le Conseil des gouverneurs a donnée de la stabilité des prix, à savoir « une progression sur un an de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) inférieure à 2 % dans la zone euro ». Cette définition vise à contenir les anticipations d'inflation et fournit un cadre permettant de juger l'action de la BCE. Les variations à court terme de l'inflation échappent au contrôle des banques centrales. C'est pour cette raison qu'il a également été annoncé que la stabilité des prix doit être maintenue à moyen terme, ce qui confère une orientation à moyen terme à la stratégie dans son ensemble. Afin de remplir l'objectif ainsi défini, la BCE a adopté une approche fondée sur deux piliers. Le premier pilier assigne un rôle de premier plan à la monnaie et le second consiste en une évaluation globale des perspectives d'évolution des prix et des risques pesant sur la stabilité des prix. Il est tout à fait naturel pour une banque centrale veillant à la stabilité des prix d'assigner à la monnaie un rôle prééminent dans l'analyse de la politique monétaire. En dernier ressort, en effet, l'inflation est un phénomène monétaire. Le rôle de premier plan assigné à la monnaie est souligné par l'annonce d'une valeur de référence pour le taux de croissance annuel de l'agrégat monétaire large M3. En décembre 2000, le Conseil des gouverneurs de la BCE a confirmé, de nouveau, la valeur de référence fixée à 4 1/2 %. Si la valeur de référence joue un rôle important dans l'analyse des évolutions monétaires, l'évaluation conduite dans le cadre du premier pilier dépasse l'examen des écarts entre la croissance de M3 et la valeur de référence. Elle recouvre différentes approches assignant un rôle central à la monnaie ainsi qu'une analyse détaillée des composantes et des contreparties de M3.

Les données monétaires ne constituent pas, à elles seules, une synthèse complète de toutes les informations concernant la situation économique qui sont nécessaires pour définir une politique monétaire conforme à l'objectif de maintien de la stabilité des prix. Par conséquent, simultanément à l'analyse minutieuse des variables monétaires, une évaluation globale des perspectives d'évolution des prix et des risques pesant sur la stabilité des prix dans la zone euro joue également un rôle essentiel dans la stratégie de la BCE. Cette évaluation se fonde sur une large gamme de variables influençant l'évolution future des prix, comme, notamment, le taux de change, les salaires, les coûts unitaires de main-d'oeuvre, les cours des obligations, la courbe des rendements, des indicateurs de politique budgétaire, diverses mesures de l'activité économique réelle et des indices de prix et coûts. Au delà d'une analyse détaillée de chaque indicateur, des projections macroéconomiques de croissance du PIB réel et d'inflation sont également réalisées. Ces projections aident à structurer et résumer certains facteurs individuels, mais ne fournissent qu'une vue partielle de la situation économique. Ils ne constituent, dès lors, qu'un élément du second pilier. L'approche fondée sur deux piliers a globalement été un succès au cours des deux premières années, à peine plus, de la troisième phase de l'UEM qui ont été caractérisées par un degré d'incertitude supérieur à la normale. La stratégie de la BCE est certes assez complexe, mais elle possède aussi l'avantage déterminant de garantir qu'aucun élément d'information pertinent n'échappe à l'analyse.

S'agissant des évolutions réelles des prix, il nous faut admettre que l'inflation telle que mesurée par l'IPCH, après avoir été très modérée en 1999, est supérieure à 2 % depuis le mois de juin 2000. Cette évolution est toutefois essentiellement liée aux effets directs du choc pétrolier d'origine externe. La politique monétaire est impuissante à prévenir ce genre de chocs. Dans ces circonstances, il est extrêmement positif que la confiance de la population dans la capacité et la détermination de la BCE à maintenir la stabilité des prix ne se soit jamais démentie. En témoignent par exemple les anticipations d'une inflation faible et stable incluses dans les taux d'intérêt à long terme. Une forte crédibilité de notre politique anti-inflationniste a été obtenue durant une période qui n'était pas favorable, caractérisée par une accélération de la hausse de l'indice des prix global dans la zone euro en 2000, causée par le choc pétrolier, et la dépréciation prolongée du taux de change. Il s'agit là d'un élément important. Personne n'a oublié, en effet, que les chocs pétroliers ont marqué le début de longues périodes de forte inflation en Europe dans un passé finalement pas si lointain. Bien sûr, à long terme, il n'y a rien de comparable à un bilan durable de stabilité des prix pour consolider la crédibilité de la politique monétaire. C'est ce que la BCE vise et elle poursuivra cet objectif sans relâche. Dans cette perspective, il est encore trop tôt, après seulement deux ans, pour dresser un bilan.

Les perspectives pour l'économie de la zone euro demeurent favorables. La croissance du PIB réel a été relativement forte en 2000, bien que la progression de la production au second semestre ait été moins vive qu'au cours des six premiers mois de l'année. Dans le même temps, le niveau global de confiance dans la zone euro est resté élevé et les indicateurs économiques relatifs aux évolutions survenues au tournant de l'année corroborent l'opinion selon laquelle la croissance économique demeurera assez robuste. Le taux global élevé d'utilisation des capacités de production, la poursuite des créations d'emplois et la réduction du chômage devraient soutenir l'investissement et la consommation. Pour cette année et 2002, nous continuons de prévoir que l'évolution positive de facteurs fondamentaux, comme le revenu réel disponible et les coûts de financement à long terme, consolidera la croissance de la demande intérieure. Aucun signe n'indique, à ce stade, que le ralentissement de l'économie américaine ait des retombées importantes et durables sur la zone euro. La détérioration de l'environnement extérieur de la zone euro n'en constitue pas moins un élément d'incertitude, qu'il convient de suivre de près en ce qui concerne les perspectives de croissance dans cette zone. S'agissant des perspectives de stabilité des prix à moyen terme, la balance des risques apparaît plus équilibrée qu'à la fin de l'année 2000, en raison principalement de la modération de la croissance des agrégats monétaires.

La crédibilité de la BCE est aussi renforcée par la solidité du cadre institutionnel prévu par le Traité, comme je l'évoquais il y a quelques minutes. La mission explicite assignée à la BCE, qui est de sauvegarder la stabilité des prix, et son indépendance sont deux éléments importants dans ce contexte. Ceci est facilité par la discipline budgétaire apportée par le Pacte de stabilité et de croissance et par la clause du Traité interdisant tout financement monétaire des déficits publics. Aux termes du Pacte de stabilité et de croissance, les soldes budgétaires doivent, dans des circonstances normales, être proches de l'équilibre ou excédentaires. Des politiques monétaire et budgétaires adéquates et prudentes constituent la clé de voûte d'un dispositif institutionnel qui doit promouvoir une croissance non inflationniste en Europe dans le futur. Il est important de rappeler que la conception de ce cadre se fonde sur des décennies d'expériences et d'études ; en résumé, elle a bénéficié d'un long processus cumulatif d'apprentissage.

L'euro est devenu l'une des deux plus importantes monnaies de l'économie mondiale en un bref intervalle de temps, comme en témoignent, par exemple, les émissions massives d'obligations libellées en euros à travers le monde. Cet avènement a été facilité par le poids économique de la zone euro sur la scène internationale. Certains commentateurs ont souligné que le rôle international de l'euro amplifie les responsabilités de la BCE et donne inévitablement à cette dernière une mission au niveau mondial. Permettez-moi de souligner que si l'utilisation de l'euro comme monnaie internationale est appelée à se renforcer, l'Eurosystème (qui regroupe la BCE et les douze banques centrales nationales des pays participant à la zone euro) a adopté une approche neutre en la matière. Nous n'entendons ni entraver ni activement promouvoir le rôle international de l'euro, mais bien laisser aux marchés le soin d'en assurer le développement. Toutefois, en orientant sa politique vers le maintien de la stabilité des prix dans la zone euro, l'Eurosystème jette des bases solides en ce qui concerne la valeur externe de l'euro à moyen terme, favorisant ainsi indirectement son rôle international.

À l'intérieur de la zone, l'euro agit assurément comme un catalyseur de l'intégration des marchés de biens et de capitaux. Par exemple, il est clair que l'introduction de l'euro a entraîné une forte augmentation des émissions d'obligations d'entreprises libellées en euros. Il s'agit d'un compartiment du marché où l'Europe était et reste encore loin derrière les États-Unis. Il apparaît également nettement que le processus de restructuration du secteur bancaire s'accélère dans certains pays de la zone euro, bien que très peu de fusions et acquisitions réellement paneuropéennes se soient réalisées. Enfin, plusieurs éléments donnent également à penser que la « préférence nationale » constatée dans les portefeuilles des investisseurs a régressé depuis le début de la phase III de l'UEM. Cela pourrait être un signal annonçant la constitution d'un marché des capitaux couvrant véritablement l'ensemble de la zone euro.

Toutes ces réalisations ne nous autorisent pourtant nullement à verser dans l'autosatisfaction. Au contraire, beaucoup reste à faire et la seule attitude à adopter consiste à se retrousser les manches et à redoubler d'efforts. La BCE et les banques centrales nationales de l'Eurosystème doivent relever de nombreux défis dans leurs efforts pour que l'euro soit un succès durable. Je voudrais à présent évoquer quelques-uns de ces défis.

À l'heure actuelle, le défi le plus évident et le plus immédiat auquel nous devons faire face est celui du passage à l'euro fiduciaire. Il s'agit d'une entreprise d'une portée historique qui va changer durablement la vie de 300 millions d'Européens. Vous savez certainement qu'après « le jour de l'euro », le 1er janvier 2002, l'euro et les monnaies nationales vont circuler en parallèle pendant tout au plus deux mois. L'euro deviendra la seule monnaie ayant cours légal dans les douze États membres participants. La BCE et les banques centrales nationales sont activement engagées sur deux fronts, à savoir la production des billets de banque et la campagne d'information euro 2002. L'introduction des billets et des pièces en euros représente un défi logistique sans précédent pour toutes les parties concernées : en effet, quelque 15 milliards de billets doivent être imprimés et 50 milliards de pièces frappées. Pour favoriser une distribution efficace des billets et des pièces, la BCE a développé des procédures de préalimentation et de préalimentation subsidiaire en billets et pièces en euros au sein de la zone euro à partir du 1er septembre 2001. Nous sommes conscients qu'une importante demande de billets en euros émanera également de non-résidents de la zone euro. Le Conseil des gouverneurs a par conséquent fixé certains principes généraux pour la distribution de billets par voie de préalimentation en dehors de la zone euro. La campagne d'information euro 2002 a pour objectif de familiariser le grand public avec la nouvelle monnaie et de faire en sorte que les billets et les pièces en euros soient bien accueillis par les résidents de la zone euro. Le message de notre campagne s'articule autour de quatre thèmes essentiels, à savoir l'apparence détaillée des billets et des pièces, les principaux signes de sécurité (qui seront dévoilés en septembre 2001), les différentes coupures et valeurs unitaires des billets et des pièces et les modalités de la transition. Je tiens à vous assurer que l'introduction des billets et des pièces en euros est l'objet de toute notre attention. Nous savons parfaitement que dans un an, le public tendra à identifier l'euro et la BCE aux seuls billets en euros. L'année prochaine sera par conséquent cruciale pour l'image de la BCE en tant qu'organisation.

Il convient de souligner que la responsabilité de la transition vers l'euro fiduciaire n'incombe pas exclusivement aux banques centrales de la zone euro. D'autres intervenants (comme les banques, les entreprises, les gouvernements) sont également impliquées dans le passage à l'euro. De fait, ce sont les États membres qui ont la responsabilité ultime de la transition, tandis que la Commission européenne et l'Eurogroupe assurent le suivi de l'ensemble du processus. Cette démarche décentralisée est judicieuse, car elle assigne des missions clairement définies, favorise une répartition efficace des tâches et promeut l'esprit de responsabilité chez l'ensemble des parties concernées.

Au delà du futur proche, d'autres défis se profilent. Pour la BCE, le maintien de la stabilité des prix est un défi permanent. Il est essentiel pour sa crédibilité à moyen terme d'obtenir de bons résultats dans ce domaine. Mais, bien sûr, d'autres responsables sont confrontés à différents défis. Il a en particulier été décidé lors du Conseil européen de Lisbonne de mettre en oeuvre toutes les mesures nécessaires pour faire de l'Europe l'économie fondée sur le savoir la plus avancée au monde d'ici à 2010. Pour sa part, la BCE estime également qu'il doit s'agir là de l'objectif final le plus important des dirigeants européens. L'accroissement du potentiel de croissance européen constitue le principal critère permettant d'évaluer les coûts et bénéfices des différentes politiques économiques. Dans le même temps, la BCE est convaincue, à juste titre, à mon avis, que la meilleure contribution que la politique monétaire peut apporter pour soutenir une croissance à long terme non inflationniste consiste à maintenir la stabilité des prix dans la zone euro.

Les principaux problèmes de l'Europe ne sont pas de nature conjoncturelle. De fait, c'est le niveau élevé du chômage structurel qui est le problème principal. Au cours des deux premières années de l'Union monétaire, les pays de la zone euro ont connu la meilleure situation économique depuis au moins une décennie, avec à la fois une croissance robuste de la production et de l'emploi, une faible inflation et aucun déséquilibre macro-économique majeur. Ce qui est nécessaire à présent, c'est d'accroître le potentiel de croissance de l'économie de la zone euro à moyen terme. La principale tâche qui incombe aux gouvernements est donc de promouvoir les réformes structurelles indispensables pour accroître d'une part la flexibilité et la compétitivité des économies européennes et, d'autre part, pour les rendre plus ouvertes à l'introduction des nouvelles technologies et techniques de gestion. Le dossier de l'emploi requiert une attention toute particulière si l'on veut réduire durablement le taux de chômage. Un marché du travail qui fonctionne convenablement doit toujours garantir que les augmentations de salaires sont compatibles avec l'objectif de stabilité des prix (ce que j'appellerai la « macroefficacité ») et assurer une allocation optimale et flexible des ressources (ce que je qualifierai de « microefficacité »). J'admets que toutes ces questions ne sont pas, à proprement parler, liées à l'euro. Elles auraient très bien pu figurer à l'ordre du jour des réunions des gouvernements européens. L'euro, cependant, rend ces questions encore plus sensibles et contraint les gouvernements européens à se concerter encore plus fréquemment et à trouver ensemble le plus tôt possible des solutions innovantes.

Les efforts en vue de renforcer l'intégration des marchés de biens et de capitaux par l'harmonisation des réglementations en Europe sont également très importants. Ils contribuent à faire de l'Europe un seul marché et à obtenir de nouvelles économies d'échelle.

Les évolutions budgétaires sont suivies très attentivement par la BCE. Nous notons que certains gouvernements doivent intensifier leurs efforts sur la voie de l'assainissement budgétaire afin d'atteindre les objectifs fixés par le Pacte de stabilité et de croissance. En définissant des programmes de stabilité plus ambitieux, notamment en ce qui concerne la maîtrise des dépenses, les gouvernements libéreront des ressources pour l'investissement productif et tranquilliseront les citoyens sur l'évolution future des prélèvements fiscaux, ce qui soutiendra la croissance.

J'ai déjà exprimé le point de vue selon lequel la meilleure contribution de la BCE au bien-être économique en Europe consiste à maintenir la stabilité des prix dans la zone euro. La BCE continuera d'encourager les gouvernements et les autres responsables de la politique économique, car nous sommes convaincus que la politique monétaire n'agit pas de façon isolée et que la mission du maintien de la stabilité des prix est beaucoup plus aisée dans une économie flexible et compétitive. Dans cette optique, nous notons que si bien des réformes structurelles ont déjà été mises en place, il reste encore beaucoup à faire si l'on veut atteindre les objectifs définis à Lisbonne.

Un domaine où des progrès supplémentaires sont nécessaires est celui de l'intégration des marchés des actions et des titres. Il existe encore un certain cloisonnement sur les marchés financiers européens. L'Eurosystème est directement impliqué dans le domaine des systèmes de règlement-livraison des titres, en raison des répercussions que ceux-ci peuvent avoir sur la conduite de la politique monétaire unique. L'Eurosystème agit également pour assurer l'harmonisation des systèmes de paiement de masse à travers l'Europe. Actuellement, les paiements de masse transfrontaliers sont plus chers et plus lents que ceux effectués à l'intérieur des frontières nationales. Cet état de fait est incompatible avec une Union monétaire fonctionnant convenablement. Tous ces aspects constituent des défis importants pour l'Eurosystème et l'ensemble du secteur financier.

Pour conclure, j'espère que la présentation des défis que la BCE et d'autres décideurs européens doivent relever ne vous aura pas fait perdre de vue le jugement porté dans la première partie de mon exposé. Le moment est peut-être venu de rappeler mes principales conclusions : l'introduction de la monnaie unique a été un succès marquant, et je suis convaincu que l'euro contribuera à conforter durablement la croissance économique en Europe.

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